Depuis le début des vacances scolaires, il est constaté, aux abords des routes nationales ou chemins de wilaya, de nouveaux commerçants à la sauvette, proposant diverses denrées aux usagers de la route.
La RN15, reliant Larbaâ Nath Irathen à plusieurs localités du versant Est de la wilaya, est l’une des voies qui a vu accueillir ces commerçants «arrivistes». Il s’agit, en fait, d’enfants et d’adolescents, qui aménagent des étals de fortune sur lesquels ils exposent à la vente des fruits et légumes, des cigarettes, des bonbons… Parfois, certains automobilistes s’arrêtent «par compassion», pour acheter quelque chose à ces gamins. Il n’est pas rare de remarquer des scènes de chamaillerie entre ces derniers lesquels se disputent les «places les plus rentables», au lieu de profiter de cette période de repos pour s’adonner à leurs jeux favoris ou se permettre quelque moment de villégiature. Voulant savoir pourquoi ces jeunes se rabattent sur le commerce, informel de surcroît, une activité, qui plus est, dangereuse, un de ces vendeurs occasionnels, âgé de seulement 14 ans, dira : «C’est pour aider ma famille qui sera bientôt confrontée à mille et une dépenses à l’occasion de l’Aïd. Les quelques sous que je gagne nous permettent aussi d’arrondir les fin de mois, du moins durant cette période estivale ! De plus, à l’école, je ne suis pas très bon». «Cet enfant ne s’intéressera, sans doute, plus à ces études», dira un sexagénaire, qui avait assisté à la conversation. Il ajoute : «L’argent facile attire, même les moins jeunes. C’est une proie facile ! Il faut reconnaître que beaucoup de parents encouragent leurs enfants à travailler à leur place. C’est une enfance volée ! A notre époque, la misère et la guerre nous avaient, certes, forcés à commencer le travail très tôt. Mais notre cas était différent ! Le seul travail que nos parents nous autorisaient à faire, c’était celui des champs, et encore, c’était uniquement pour les aider. Les lourdes tâches étaient toujours effectuées par les adultes. Mais dès que la guerre fut terminée, nous avons rejoint les bancs de l’école. Par la suite, au-delà du caractère illégal du travail infantile, c’était une honte de voir un enfant se retrousser les manches pour bosser, nonobstant la misère. Les parents préféraient voir leurs enfants faire des études que de travailler dans les champs. Ils se souciaient beaucoup plus de leur avenir que de l’argent !». Il y a lieu de rappeler que ce phénomène, pourtant strictement interdit par la loi, ressurgit à chaque période de vacances scolaires.
Youcef Ziad

