La tournée du chanteur Idir, prévue à travers huit villes algériennes, n’aurait-elle finalement pas lieu ? C’est du moins ce que laisse penser le silence qui entoure cet événement annoncé en grande pompe en décembre 2017.
Les concerts que devait donner Idir au public algérien dans neuf grandes villes semblent avoir été annulés, pour des raisons encore inconnues. Ni le concerné ni les initiateurs de cette tournée historique, devant signer le retour effectif du chanteur sur la scène nationale après 40 ans d’absence, ne semblent prêts à communiquer. Un silence d’autant plus intrigant qu’il ne laisse aucun doute sur l’annulation pure et simple de cette programmation. Depuis les deux concerts à la Coupole d’Alger, les 4 et 5 janvier dernier, ni Idir, ni l’ONDA, ni encore moins l’éditions du chanteur en Algérie qui a été associée an ballet d’annonce, ne soufflent mot sur la suite qui devait suivre les deux grands galas de la Coupole. Des concerts auxquels les acteurs de l’évènement avaient, pour rappel, conféré un cachet de retour au bercail de l’artiste révolté. L’unique confirmation de l’annulation desdits concerts en Algérie est à déduire du programme à venir de l’artiste sur son site officiel qui ne comporte aucune date prévue en Algérie. Ainsi, hormis le gala prévu à Luxey (en France) pour le 11 août prochain, aucun autre spectacle d’Idir n’est prévu pour cette saison estivale. Encore moins pour la fin de l’année. Le prochain réveillon de l’an berbère sera célébré par le chanteur à Paris, plus précisément à AccorHotels Arena, le 12 janvier 2019, en compagnie de Mohamed Allaoua et Lounis Aït Menguellet. Il faut rappeler qu’à la veille des deux concerts de la Coupole, le chanteur avait pourtant confirmé son retour officiel sur la scène algérienne, et que les deux premiers concerts de la coupole à l’occasion de Yenayer 2018 allaient être un prélude à une série de concerts événements, concédant même que le prolongement de son absence n’était plus justifié «tamazight étant officialisée», avait-il déclaré dans une conférence de presse tenue à Riadh El Fath, en présence du directeur de l’ONDA, Samy Bencheikh. C’est d’ailleurs lors de cette rencontre avec la presse que le chanteur a confirmé le projet d’une tournée qui le mènerait à Constantine, Ghardaïa, Batna, Oran, Tlemcen, Mostaganem, Tamanrasset et Tizi-Ouzou. C’est dire que ce qui avait jusque-là encouragé l’exil artistique d’Idir a, non seulement, été aplani avec l’officialisation de Tamazight dans la Constitution de 2016, mieux, la langue continue de bénéficier de l’intérêts des hautes autorités du pays, notamment avec la récente signature, en Conseil des ministres, de l’avant-projet de loi organique sur l’Académie berbère et son adoption par les deux chambres. Autant dire que rien, sur ce plan, ne devrait désormais remettre en cause la tournée d’Idir très attendue par les fans des différentes régions du pays qui s’impatientent de le voir se produire près de chez eux après une attente qui aura duré 39 ans. Mais qu’est-ce qui a pu se produire alors pour empêcher Idir de concrétiser une des plus euphoriques promesses faites à ses fans résidant en Algérie. Cette annulation (?) devrait au moins être expliquée aux fans qui seront à coup sûr déçus, après avoir nourri le rêve de chanter, en chœur avec leur idole, les belles chansons qui ont bercé leur jeunesse, eux qui sont, à présent pour certains d’entre eux, grands-pères et grands-mères. Il y a sept mois, Idir se confessait ainsi sur les motivations de son retour à Alger : «Il y a d’abord l’âge, et la santé qui est encore là. Je me suis dit que c’était le moment ou jamais d’aller chanter en Algérie pour tous ces jeunes et ces générations que je n’ai pas eu la chance de rencontrer dans les différents concerts et qui ne m’ont jamais vu sur scène. Il y a une attente mutuelle», avait-il confié. «Je n’ai pas voulu venir avant car je me sentais victime d’une idéologie un peu stupide, nous étions les dindons de la farce», s’était-il encore expliqué lors du point de presse du 3 janvier dernier. Et de rajouter : «Politiquement, il s’est passé des choses qui m’ont blessé (…) Mais depuis quelques années, on a commencé à instituer d’une manière viable notre culture et notre identité (…) J’y ai vu la possibilité de construire quelque chose de solide, c’est le but de ma venue en Algérie, pour un spectacle», censé être suivi d’autres. Mais après ce spectacle mis sous le signe des «retrouvailles avec le pays», il n’y eut point d’autres. Que s’est-il donc passé entre temps, pour que la tournée, qui devait être entamée le mois écoulé, soit compromise ? Récemment, à l’occasion du 20e anniversaire de l’assassinat de Matoub Lounès, lors de sa visite discrète à Béni Douala, le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, n’a pas omis de citer Idir, lors de sa déclaration aux médias présents sur place. Il a notamment fait part d’un coup de fil qu’il avait partagé avec lui à l’occasion de l’Aïd El Filtr. «Je l’ai eu au téléphone lors de l’Aïd El Fitr passé et on a échangé les vœux», a-t-il glissé entre autres en rendant hommage également à Yahiatène et autres… S’était-il alors senti contraint de placer ces quelques mots comme pour dire qu’il n’y a aucun souci avec l’artiste ? Probable. Comme ça peut être une déclaration sans arrière-pensée. Mais en attendant, la très attendue tournée d’Idir semble être bien compromise ! Du moins aux dates annoncées.
M. A. T