L’association “Dialogue et Action” a organisé dans la matinée du lundi passé une rencontre entre les petits entrepreneurs de l’agroalimentaire de la région de la haute Soummam avec un expert de la FAO (Food and Agricultural Organization) et du PNUD (programme des Nations unies pour le développement).L’échange s’est déroulé sous forme de conférence-débat dans la grande salle des délibérations de l’APC d’Akbou, autour du thème de “la conception et la gestion d’une PME agroalimentaire aujourd’hui en Algérie”. Une vingtaine de personnes proches du milieu industriel a donc entouré, M. Pierre Florand, le consultant international membre de l’ECTI, association française de professionnels, seniors bénévoles, qui a aidé au démarrage de nombreuses petites entreprises de l’agroalimentaire en Afrique.Quatre étapes ont jalonné l’intervention de l’ingénieur : la maîtrise de l’étude du marché parallèlement à l’acquisition de la matière première, la présentation du dossier de crédit bancaire et le montage de l’unité de fabrication. Brossant un tableau succinct mais bien renseigné du contexte algérien d’aujourd’hui, M. Florant regrette l’absence d’instruments qui fournissent l’information, tels les syndicats de professionnels ou les chambres de commerce.Il énumérera toutes les difficultés rencontrées avant d’esquisser une liste d’erreurs à ne pas commettre. Le débat a tourné sur la jungle procédurière, l’ouverture sur l’économie mondiale et ses conséquences sur la qualité des produits et sur les coûts de production, l’arrivée des grosses boites de la distribution, comme Carrefour et leurs exigences en matière de normalisation et de calibrage des produits. Les velléités d’exportation de certains producteurs, notamment de l’huile d’olive et les conditions du marché mondial, ont également retenu l’attention des interlocuteurs du conférencier qui a détaillé la pratique de l’exportation et ses exigences dans la filière agroalimentaire. Alloul Mokrane, président de l’association Dialogue et Action,regrette la faible participation qu’il explique par le peu d’intérêt que les entrepreneurs accordent aux initiatives des associations : “Dès qu’une association se présente à leur porte, ils pensent qu’on vient pour une aide, ils ne nous reçoivent même pas ! Sur une vingtaine d’invitations que j’ai remises aux industriels de Taharacht, aucun n’a daigné confirmer sa participation, c’est dommage pour eux de rater une consultation d’expert gratuite”. L’exemple de la branche de production du lait et de ses dérivés en Tunisie a été ensuite évoquée par l’ingénieur pour illustrer une réussite sans grands moyens.“D’importateurs de lait, les Tunisiens sont passé en une décennie au stade de producteurs de poudre de lait, matière première pour la fabrication de nombreux dérivés, fromages, yaourts et autres crèmes. Le Maroc est dans la même situation d’excédent contrairement à l’Algérie qui paie une lourde facture pour l’importation de poudre de lait”.Et d’ajouter “la spécificité de l’Algérie qui est encore marquée par la mentalité de l’économie socialiste est cette méfiance, cette impossibilité pour les gens de s’associer, de mettre en commun leurs énergies. Le partenariat et le système coopératif constituent l’unique parade à la logique de la grande distribution qui s’imposera fatalement dans quelques années”.Mokrane Allout a annoncé la tenue d’un séminaire en juin prochain, animé par un groupe d’experts bénévoles du mouvement associatif français avant de remercier les participants pour leur patience et leur contribution.
Rachid Oulebsir
