Chaque été on revoit le même décor : des étals de fruits et légumes installés sur les accotements des RN 26 et 15 qui sont tenus, entre autres, par des adolescents, voire, des enfants. Des brouettes pleines de poivrons du terroir (ifelfel n tmurt), des cageots « gorgés » de maïs, des poires, du piment, des pastèques, du melon, des courgettes, des tomates et bien d’autres produits agricoles, cueillis des jardins et vergers immédiats comme ceux de Togi, Toughza, Chorfa et Choukrane pour ne citer que ces localités, sont exposés à la vente sur les abords des routes précitées. Ces jeunots vendent les récoltes des jardins familiaux et contribuent dans l’apport financier du budget familial et ce non sans prendre leurs parts pour s’offrir, alors que l’Aï El-Adha est à nos portes, des habits neufs et des fournitures scolaires à la rentrée. «Chaque jour, j’installe mon étal sur l’accotement de la RN 26 pour vendre des poivrons cueillis de notre jardin. J’aide ma famille et je prends ma part des ventes pour m’acheter les habits de l’Aïd et les articles scolaires. J’arrive à écouler plusieurs kilos par jour avec à la clé ces poivrons que je vends à 150 da/kg. Ce sont des poivrons de notre potager que nous cultivons ici à Togi», témoigne un jeune adolescent qui tient un étal de fortune sur l’un des accotements de la RN26 qui passe par les localités voisines de Togi et Toughza. La culture vivrière constitue un apport non négligeable pour les familles possédant de vastes vergers dans cette région agropastorale par excellence. Chaque été, ces familles consomment et vendent parallèlement les produits agricoles qu’elles cultivent dans leurs champs. L’eau étant disponible à gogo dans ces contrées qui « dorment » sur une nappe phréatique impressionnante d’après des hydrauliciens. Ces localités comptent d’ailleurs un nombre assez important de puits, qui avoisinerait les 500. En tout cas, ces adolescents qui habitent ces localités agropastorales ne perdent pas leur temps dans des vétilles, eux qui savent monnayer leurs vacances scolaires, car la majorité est scolarisée. «A quoi bon rester inactif durant toutes les vacances d’été? Puisque je n’ai rien à faire des longues journées d’été, j’ai décidé d’aménager comme mes compères un étal et vendre le maïs et les tomates de notre jardin. Comme ça, je suis utile à ma famille et à moi-même. Nous sommes une famille modeste et nombreuse. Mon père ne peut pas tout acheter pour l’Aïd et la prochaine rentrée scolaire, il travaille comme maçon. Alors, je suis contraint de me débrouiller pour gagner un peu d’argent pour acheter ce dont j’ai besoin, aider, sinon me prendre en charge au moins», affirme ce jeune adolescent scolarisé dans un collège de la région.
Y. S.