Le marché des moutons grippé !

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Même si l’élevage ovin est loin d’être la vocation première de la région, le marché d’Aïn El Hammam est tout de même submergé de moutons, particulièrement ces dernières semaines.

Les moutons dits «arabes», comme chaque année à la veille de l’Aïd, font leur apparition en nombre important. Une disponibilité qui influe considérablement sur les prix, selon les maquignons. A quelques jours de la fête, en effet, les acheteurs de moutons ne se bousculent pas au marché de l’ex Michelet. Au contraire, ils se font de plus en plus rares. «Depuis déjà plus de dix jours, les ventes sont très réduites. Sur les cinq bêtes que j’ai élevées, je n’en ai vendu que deux lors des quatre jours de marché où je les ai exposées», indique un éleveur. Un point de vente, non loin du marché à bestiaux, est improvisé par les maquignons au centre-ville. Interrogé sur ses ventes, un montagnard se dit exaspéré par «des curieux qui tentent de baisser les prix en nous proposant de leur céder des moutons à la moitié de leur valeur». Dépité, un retraité qui a élevé quelques bêtes pour arrondir ses fins de mois nous dit : «Cette bête dépassant les trente cinq kilo est estimée par les clients à trente huit mille dinars alors qu’elle en vaut quarante cinq ». Quotidiennement, ils sont là à attendre que des acheteurs potentiels viennent les décharger de leurs moutons qu’ils espéraient vendre avant l’Aïd. «Les moutons élevés ici sont plus demandés que ceux que certains importent des autres régions», ajoute notre interlocuteur qui nous apprend que les clients préfèrent le mouton local dont «le goût de la chair est sans commune mesure avec celle des autres». Par ailleurs, les habitants de Michelet font leur marché en toute confiance chez les paysans qu’ils connaissent, même si les prix sont plus élevés. En effet, à même poids, le mouton local coute environ cinq mille dinars de plus. D’autres raisons à ce manque d’empressement des habitants, sont évoquées par le groupe de marchands. La peur de la brucellose dont on soupçonne les moutons d’ailleurs, rebute plus d’un. Les difficultés financières des autres les poussent également à faire l’impasse sur le sacrifice, surtout que nous sommes en pleine période des fêtes et que la rentrée scolaire pointe à l’horizon. Deux événements qui finissent par épuiser les économies de ceux qui en possèdent. Sur les chemins, vers midi, des troupeaux entiers d’invendus et d’animaux achetés par des particuliers rentrent chez eux. Cependant, la situation ne semble pas affecter outre mesure les vendeurs qui espèrent, comme chaque année, écouler plus facilement leurs bêtes auprès des bouchers et de ceux qui n’ont pas encore célébré les fêtes de mariage. Par ailleurs, dans certains villages organisant des «zerdas», lors de l’Achoura qui aura lieu dans un peu plus d’un mois, on sacrifie les moutons par dizaines. C’est dire que les «stocks» ne risquent pas de s’éterniser dans les étables.

A. O. T.

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