De longues chaînes se forment, chaque jour, avant l’ouverture de la banque. La plupart sont de vieux retraités de France attendant de pouvoir retirer l’argent de leur pension, en euro.A chaque fois qu’ils se présentent aux guichets ils reçoivent la même réponse “rien encore pour aujourd’hui”. La situation dure depuis une quinzaine de jours et inquiète de plus en plus les titulaires de comptes en devises. L’inquiétude est d’autant plus grande que le manque d’argent ne concerne pas le dinar. Personne n’est en mesure de rassurer les clients de la BADR et leur fixer une date où il pourront rentrer en possession de leur bien. A l’agence, où nous nous sommes présentés, personne n’est en mesure de nous informer, en l’absence du directeur.Le devoir de réserve des agents leur permet seulement de nous apprendre que “ les informations sont centralisées au niveau de la cellule de communication, seule habilitée à s’adresser à la presse”. Devant le manque d’information, la rumeur prend le relais et donne naissance à toutes sortes de supputations aussi plausibles les unes que les autres.La première repose sur l’idée que la banque accaparerait les devises et régulariserait les propriétaires, au change officiel. Certains vont jusqu’à affirmer qu’il y aurait un lien entre le manque d’argent et les détournements de devises dont l’auteur vient d’être condamné.Cette situation, si elle venait à perdurer pourrait engendrer des conséquence fâcheuses, dans certaines situations. Ne disposant pas de liquidités, le BADR ne peut de ce fait délivrer d’attestations bancaires pour les demandeurs de devises, qu’ils soient étudiants ou touristes. La confiance des clients en leur banque commence à s’estomper, et il ne serait pas surprenant que les titulaires de comptes les “raclent” dès que l’argent sera disponible.Pour rappel, la BADR d’Ain El Hammam gère les comptes d’un nombre important de retraités d’au moins une dizaine de communes (D’Imsouhal jusqu’à Akbil). En tou cas, comme le dit Rafik, s’adressant à un agent, “personne n’a le droit de nous empêcher de disposer de notre argent, au moment où nous en avons besoin”. Loin de nous l’idée de donner des leçons, mais quelles que soient le causes de ce contretemps, les clients, de vieux illettrés, pour beaucoup, doivent être rassurés sur le devenir de leur bien.
Nacer B.
