Comme chaque année, les rayons des fournitures scolaires sont pris d’assaut par les parents, perdus entre les listes des écoles et les exigences des enfants. La rentrée scolaire n’est pas de tout repos pour des familles ayant des enfants scolarisés. Durant ces deux dernières semaines, tout le monde est plus en moins en effervescence. Mais la rentrée, c’est aussi et surtout beaucoup de boulot, de contraintes financières et parfois d’angoisse. L’école coûte cher. Les parents sont tous d’accord sur ce point. C’est un réel assommoir. Elle est devenue un cortège de dépenses qui oblige les familles à débourser leurs salaires jusqu’au dernier sou. L’achat des articles scolaires se pose comme un véritable casse-tête chinois pour de nombreuses familles, appelées à puiser de nouveau dans leurs maigres budgets. Eh oui, les temps sont durs pour une famille composée de plusieurs enfants scolarisés dans une Algérie touchée de plein fouet par une crise économique de plus en plus aigüe. Après l’Aïd El-Adha et les vacances d’été, c’est la saignée de la rentrée, laquelle laisse un goût amer aux petites bourses. Soucieux de garantir et d’assurer à leurs enfants une éducation de qualité et des conditions d’études optimales, les parents ne peuvent se passer de certaines dépenses obligatoires. Ils doivent, donc, se sacrifier une fois de plus pour assurer les fournitures et les frais de scolarité à leurs gosses. Pour un sacrifice, c’en est vraiment un, puisque les prix de ces dernières connaissent d’année en année une ascension des plus spectaculaires. Le comble est que ces dépenses se traduisent souvent par un endettement pour des ménages qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts. D’année en année, à chaque rentrée scolaire, les parents constatent, aussi, des abus intolérables concernant la demande de fournitures scolaires. Si l’enseignement est encore gratuit en Algérie, la rentrée, elle, ne l’est pas. Les dépenses engagées par les familles montent crescendo au grand dam des petites bourses. À Akbou, c’est vraiment le rush durant ces derniers jours. Des enfants ‘’escortés’’ par leurs parents font leurs emplettes en sillonnant des rayons entièrement dédiés aux articles scolaires. Les magasins, les centres commerciaux et les « marchés informels » connaissent une ruée de parents en quête d’achats de cahiers, stylos et cartables, livres… sans oublier les chaussures, les tabliers et autres habits de circonstance. Ainsi, un cahier de 96p est proposé à 30 DA, 70 DA celui de 120 pages et 100 DA le cahier de 280 DA. Quant aux cartables et aux sacs à dos, la facture est souvent salée. Cédés à plus de 2 500 DA selon la taille et la matière avec laquelle ils sont fabriqués, les sacs à dos risquent de peser lourd. Cette année, des parents nous ont affirmé qu’en moyenne, le montant total de la liste tourne autour de 5 000 dinars par enfant, avec naturellement de grandes disparités entre les différentes classes.«C’est vraiment dur d’’’équiper’’ ses enfants de la ribambelle d’articles qu’il faut acheter. La liste des achats n’en finit pas. À ce rythme, c’est carrément notre salaire qui part en une journée», se lamente un père de famille. Dans ce contexte socio-économique difficile dans lequel les consommateurs sont attentifs à leurs dépenses, des parents avouent avoir revu à la baisse leur budget consacré à la rentrée des classes. «Tout le monde sait que le pays traverse une période très difficile. Pour cette année, j’ai décidé de n’acheter que le strict nécessaire à mes enfants. Point de superflu. Déjà qu’on a de la peine à joindre les deux bouts… Il est hors de question d’acheter autre chose que le juste nécessaire», témoigne Arezki, père de quatre enfants, rencontré dans une librairie au centre d’Akbou. Et de s’indigner : «Un cartable avec toutes les fournitures scolaires coûte entre 6 000 et 8 000 dinars». Si les qualificatifs des parents diffèrent pour parler de la rentrée, ils ont presque tous la même signification: celle-ci pèse sur leurs bourses. «Elle est d’autant plus difficile qu’elle intervient juste après les vacances», confie un autre père de famille, rencontré au marché hebdomadaire de Sidi-Aïch.
Bachir Djaider