Deux grands couteaux, l’un à ouverture automatique, l’un à cran d’arrêt, deux hommes saouls et une prostituée, tels ont été les éléments qui ont constitué la trame de l’affaire d’homicide volontaire, que le tribunal criminel près la cour de Béjaïa a eu à examiner, hier, et dont le verdict a été une condamnation de l’accusé à une peine de 12 ans de réclusion criminelle.Les faits remontent à la soirée du 27 septembre 2005 et ont eu pour théâtre le boulevard Ben Boulaïd entre le boulodrome et un bar, non loin de la gare ferroviaire. Ce soir-là, vers 8 heures, 8 heures 30, l’accusé B. B., 53 ans, né en France, double nationalité, alors qu’il était saoul, selon la déclaration du réceptionniste de l’hôtel où il habite depuis 26 à 27 jours, sort de sa chambre et se rend au bar où étaient attablés la victime, A. A. et la fille de la discorde, M. F., 38 ans. Celle-ci reconnaît lui avoir fait un signe de la main avant de se lever pour le suivre. Mais A. A., ne l’entendant pas de cette oreille, pousse et brutalise la jeune fille, selon les témoins, et va à la rencontre de son rival et lui dit menaçant : “Cette fille, j’ai payé pour elle, c’est moi qui lui ai payé à boire, elle est à moi”. S’ensuivent des échanges d’insultes les plus vexatoires.A la barre, la jeune fille souligne que cela était la rencontre entre un vendeur de cachets, propriétaire d’un couteau à bouton et un voleur qui a un couteau à cran d’arrêt dans la poche.L’accusé soutient à l’audience que sa victime, qui avait un couteau à cran d’arrêt à la main, l’avait violemment saisi par le bras et lui avait donné un coup de tête au visage. Et c’était à ce moment-là qu’il avait sorti son couteau à bouton, une terrible arme de combat, genre baïonnette, précisera le procureur lors de son intervention, et dont la lame fait plus de dégâts en sortant qu’en entrant dans la chair humaine. Au cours de l’audience, au moins deux témoins préciseront qu’en tombant, la victime a crié : “Tu m’as eu avec un couteau”.Le coup a été porté au côté gauche de la poitrine et a atteint le cœur. La victime, qui n’a pas reçu les soins d’urgence, indique la défense est décédée à l’hôpital où elle a été évacué que vers 10 heures 30 mn. L’accusé, dont l’objet du séjour à Béjaïa n’a pas été élucidé, déclare à l’audience ne pas connaître la victime, alors que concernant la jeune M. F., il avance lui avoir offert des effets vestimentaires, l’avoir “invité” plusieurs fois dans la chambre. Mais le réceptionniste de l’hôtel affirme devant le juge, que le jour du drame, vers 7 heures, la victime est venue à l’hôtel, à la recherche de l’accusé qui lui devait une somme de 2 millions de centimes. Lors de son intervention, le procureur qui réclame la réclusion à perpétuité, dira à propos de l’accusé “que c’est un criminel dangereux venu de France avec une arme de combat et qui a tué un homme pour une femme qui n’est pas sa sienne légitime. En frappant avec son couteau, il a visé le cœur. Son but était de tuer. Pendant que la victime agonisait, il n’a même pas essayé d’appeler les secours pour prétendre au : “Mon intention n’était pas de tuer”. Quant au couteau de la victime, personne parmi les témoins n’a déclaré l’avoir vu ouvert. La défense assurée par 3 avocats a surtout plaidé les coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. L’un des avocats insistera sur le fait que si les soins d’urgence avait été prodigués à la victime, elle aurait sans doute survécu à sa blessure. De plus, le couteau de la victime n’est pas un jouet d’enfant, c’est un couteau de marque Okapi à très longue lame.Les avocats ont ajouté que l’accusé, qui est atteint d’une très grave maladie, était sous l’effet de médicament, qui ont quelque part troublé son comportement normal. Au terme de leur plaidoirie, ils ont demandé le bénéfice de larges circonstances atténuantes pour leur client.
B. Mouhoub
