Pour venir à bout des nuisances générées par la décharge intercommunale d’oued Agrioune, des citoyens de la commune balnéaire de Melbou, à 40 km à l’Est de Béjaïa, interpellent, dans une pétition, la ministre de l’Environnement, Fatma-Zohra Zerouati, afin d'intervenir en urgence en vue de solutionner ce problème de santé publique.
La catastrophe écologique à laquelle sont confrontés les citoyens de la région n’a pas épargné le chef-lieu communal, puisque la fumée enveloppe même les villages et les hameaux ruraux de la dite commune, voire même de la commune limitrophe de Souk El-Tenine. «Chaque année, durant la saison estivale, notre commune (Melbou, Béjaia) devient un endroit où il est difficile de vivre en paix. Cette situation est due à la fumée émanant de la décharge publique sise à Oued Agrioune. Pire encore, ce phénomène s’est aggravé cette année, puisque la fumée a atteint désormais tous les quartiers et villages de Melbou, Tikhribine, Tizi War et même de Souk-El-Tenine», revendiquent les pétitionnaires, dont le nombre avoisine les 5 000 signataires. «C’est une menace sérieuse sur la santé publique. Les habitants de Melbou et de Souk El Tenine respirent un air pollué, à cause du brûlage à ciel ouvert des déchets. Cet endroit abrite une faune et une flore des plus importantes dans la région Est de Béjaïa, mais celles-ci sont désormais menacées d’extinction. Les autorités doivent mettre fin à ce massacre», déclare avec amertume Belkacem Outemzabt, l’initiateur de la pétition. Pour les membres de la dynamique association «Awal Issawal», la cause écologique est l’affaire de tout le monde et tous les citoyens doivent s’y impliquer. D’ailleurs c’est dans ce sens qu’ils envisagent d’organiser une journée d’étude pour débattre ce «désastre écologique» qui nuit à l’environnement et à la santé publique, et ce par le biais d’une série de conférences ayant trait à l’environnement et à la santé. «Nous allons organiser incessamment une journée d’étude où nous allons impliquer toutes les autorités concernées, telles que la direction de l’environnement et direction de la santé, ainsi que toutes les parties prenantes. Des enseignants universitaires et des spécialistes en matière de l’environnement et de la santé, animeront des conférences et des ateliers afin d’expliquer les conséquences néfastes de ces décharges sur la santé publique», nous confie Messaoud Boufadene, membre de l’association Awal Issawal. Et d’ajouter : «Durant cette journée écologique, des propositions et des solutions seront proposées pour remédier à cette catastrophe, notre objectif c’est de sensibiliser le citoyen, afin qu’il soit un vigil de son environnement et ne pas seulement un facteur de dégradation, vu les décharges proliférant un peu partout». Les pétitionnaires attendent de la ministre qu’elle prenne des mesures prioritaires et urgentes, qui consistent en premier lieu l’arrêt des opérations d’incinération dans cette décharge qui menace la santé des riverains et de mettre en place des solutions de traitement respectueuses des habitants et de la nature. Il est attendu aussi de la part des autorités un plan de gestion des déchets «plus efficace», qui passe par des opérations de collecte, de tri, de traitement, de stockage et de transport. Cependant, à long terme, il est impérieux de procéder à une délocalisation immédiate de la décharge de l’oued Aguerioune. Les pétitionnaires rappellent la ministre du potentiel de la région en matière de tourisme et que ce dernier est tributaire à l’hygiène et à la préservation de la faune et de la flore. «Outre les problèmes de la santé publique et de l’environnement, cette région, vu ses sites naturels paradisiaques, représente une source de richesses inestimables pour notre pays qui projette de développer et de valoriser le secteur du tourisme. Tout en sachant qu’un bon nombre de projets touristiques sont déjà en phase de réalisation à Melbou et à Souk El-Tenine, il va de soi que la réussite de cette activité économique est directement liée à la fermeture de la décharge en question», lit-on encore.
Aziz Khentous

