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Des villages privés d’eau

La desserte publique d’eau potable de la commune de Taskriout, du moins dans certains villages, confine au paradoxe. En effet, alors que la ressource hydrique coule à flot, des centaines de foyers subissent une diète sévère. Pire, des villages endurent le tonneau des Danaïdes même au cœur de l’hiver. «Nous sommes les plus mal lotis d’une commune qui peut pourtant s’enorgueillir de receler d’immenses réserves d’eau. Nos foyers ne reçoivent ce liquide qu’une fois par hasard et en quantités insignifiantes», maugrée un retraité du village Kefrida, à quelques encablures duquel est localisée la cascade éponyme. «Cela urge de solutionner ce satané problème d’eau qui nous empoisonne la vie. Que pouvez faire avec un liquide qui ne coule des robinets qu’une fois par semaine tout au plus, avec une pression laissant à désirer ?», s’interroge un quadragénaire du même village. La situation, apprend-on, n’est pas moins alambiquée au village Rif, dont les habitants subissent le même calvaire lié à une crise sévère d’eau potable. «Le réseau de distribution est à moitié délabré. Les conduites sont rouillées. Les fuites sont monnaie courante», témoigne un citoyen du village. Et d’ajouter : «La plupart des foyers sont égaux devant la pénurie. Pour renflouer ses réserves, il faut faire preuve de beaucoup de patience, car souvent une dizaine de jours d’attente est nécessaire, pour voir arriver dans les vannes la précieuse ressource. Certains quartiers sont encore plus à plaindre, dans la mesure où ils ne disposent pas encore d’un réseau de distribution», déclare-t-il. Pour se tirer d’affaire et maintenir à flot ses réserves d’eau, la corvée se pose en alternative incontournable, rapporte-t-on. «Le ballet des jerricans est quasi permanent, surtout durant la saison des grandes chaleurs. Ce n’est pas les points d’eau qui manquent pour l’approvisionnement, mais la tâche est à la fois prenante et éreintante. Pire, il y a des personnes qui n’ont, ni la force physique ni un quelconque moyen de locomotion pour cela», affirme un villageois, selon lequel bien de citoyens recourent à l’achat de citernes. Interrogé sur ce sujet, un élu à l’APC de Taskriout admet la réalité de cette crise d’eau, qu’il impute au manque d’investissement dans ce secteur. «L’hydraulique n’est pas correctement pris en charge, les projets de mobilisation, de transfert et de stockage de l’eau font cruellement défaut, alors que les besoins de la population ne cessent d’augmenter», explique-t-il. Le responsable de l’APC assure que ce problème est pris en charge par un projet sectoriel, lequel prévoit une amenée d’eau à partir de la source «Laincer Azegzaw». «C’est un méga projet de 45 milliards de centimes. L’adduction d’eau atteindra la commune d’Ait Smail et irriguera sur son passage certains villages de Taskriout», annonce-t-il.

N. Maouche

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