Ath R’houna ville cache un trésor historique et archéologique inestimable aux villages Ath R’houna et Ath El Hocine à 13 kms à l’ouest d’Azeffoun. Il s’agit des allées couvertes et de deux abris sous roche qui ont été signalés par le préhistorien et spécialiste de l’histoire des berbères, Gabriel Camps. Dans tout le Maghreb, on ne trouve ces monuments qu’en Algérie et précisément, en Kabylie. Ils y sont repartis en deux groupes, à Ath R’houna au nombre de 8, et à Ibarissen à l’ouest de Toudja, à Béjaïa au nombre de 6. Ces derniers n’ont été reconnus qu’à partir de 1953. Malgré les similitudes qui existent entre ces monuments et ceux de Sardaigne et des iles Baléares, leur âge n’est pas encore déterminé, d’où la nécessité de recherches approfondies et de fouilles archéologiques qui pourraient certainement apporter d’utiles précisions et informations. Les allées couvertes, au nombre de 6, se trouvent autour d’un monticule sur une altitude de 220 m, éparpillées sur un mégalithique qui constitue une petite nécropole littorale à 300m de la Méditerranée. Ces dernières se dressent sur 4 endroits différents qui renferment des tombes, notamment sur la cote ouest du monticule, au lieu dit Affren, à la limite entre le village Ath R’houna et celui d’Ath El Hocine. Le deuxième endroit se situe sur la cote sud-est du monticule et le troisième au centre du versant est du monticule, au lieudit Asufagh Athmane, situé a quelques mètres au sud de l’intersection de la RN24 et du chemin du village Ath R’houna. Cet endroit, couvert de végétation dense, renferme quatre tombes les unes à coté des autres. Quant au quatrième endroit, il se situe sur la cote nord du monticule, au lieudit Thaouinine Thimoukranine et à 100 m de la route nationale N 24, et 50m à l’ouest de la carrière d’extraction de pierres d’Ath R’houna. Il renferme deux abris sous roche, l’un à coté de l’autre. Ces allées mégalithiques présentent le même aspect et le même plan : de longs murs allant jusqu’à 3 m parallèles en blocs de grés de fortes dimensions, dessinent une chambre allongée qui ne se différencie du couloir ni dans sa structure ni dans sa largeur qui ne dépasse guère 1,50m. Les murs s’élèvent bien plus haut que dans les autres monuments mégalithiques nord-africains, les hauteurs intérieures du sol à la couverture dépassent les 2m. La hauteur des monuments les mieux conservés varie entre 8 et 15m. La couverture est assurée par des dalles dépassant souvent 3m dans leur plus grande dimension. A Ath R’houna, dans les monuments les mieux conservés, il fut reconnu un caniveau sous un dallage intermédiaire encastrés de part et d’autre dans les parois, des restes humains et mobiliers funéraires occupant les deux étages. Cette disposition a été reconnue dans les Navetas des iles Baléares (Nau d’Es Tudons) et dans certaines tombes de géants de Sardaigne (Li Longhi), mais l’âge du mobilier découvert, qui est IV-II av. J.C, s’oppose à toute autre comparaison que morphologique. Il est seulement possible de supposer une longévité extraordinaire dans le secteur du Maghreb. Les allées couvertes sont dans un état de dégradation très avancé. Ces monuments funéraires mégalithiques sont sérieusement très menacés de disparition si aucune action n’est menée pour les sauvegarder. Les facteurs de dégradations et de destruction sont multiples : l’usure du temps, la densité de la végétation dans laquelle ils se trouvent, les intempéries et le facteur humain. La carrière d’extraction de pierre créée à quelques mètres de ces monuments, a brutalement contribué à la destruction de ce patrimoine inestimable. Des glissements de dalles ont été enregistrés suite aux explosions de dynamite utilisée dans cette carrière. Pour le service patrimoine de la direction de la culture de la wilaya de Tizi-Ouzou, ces sépultures qui n’ont d’équivalent nulle part ailleurs au Maghreb, méritent d’être classées et protégées. Elles présentent un grand intérêt en raison de leurs dimensions exceptionnelles et leur aspect architectural. Repère historique national et preuve physique d’une civilisation inexplorée, ce site devait faire l’objet d’un classement pour lui assurer une protection légale. Pour toutes ces raisons cette institution a soumis un dossier de classement du site archéologique d’Ath R’houna en 2009. Il a été classé comme bien culturel national en 2012.
S.Illoul
