Des solutions à l’export malgré l’année sabbatique

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La production viticole dans la wilaya de Boumerdès a atteint un taux de 40 % cette saison. C’est ce que nous venons d’apprendre des organisateurs et viticulteurs lors du salon organisé à la maison de l’environnement, jeudi dernier. Malgré le recul de la production, l’ex-rocher noir détient la première place dans la production du raisin avec ses différentes variétés. Les agriculteurs que nous avons rencontrés ont tous imputé le recul de la production à la maladie du Mildiou. «Cette maladie a ravagé le fruit avant même sa maturité et atteint les feuillets. Près de 60 % des champs de vignes n’ont pas été épargnés», nous dira Hamou, un viticulteur de Naceria. Et d’ajouter «certaines variétés de raisin ne s’adaptent pas à la maladie alors que d’autres le font, notamment le Cardinal qui, même touché, a une meilleure récolte par rapport aux autres, notamment le Sabel cultivé à 60 % dans la région». Un autre fellah de Chender à mi chemin entre Bordj Ménaïel et Naceria nous confirme les propos de son collègue et espère un jour réduire la superficie du Sabel au profit des autres variétés plus résistantes à la maladie. Un autre fellah de Sidi Daoud a exposé une nouvelle variété, le Cornichon. Les visiteurs l’ont beaucoup admiré par sa forme. Il dira que le Cornichon résiste bien aux maladies infectant la vigne, notamment le Mildiou mais cela dépend également d’un bon traitement dès le début des fleurs. En sus de cela, ils déplorent le coût élevé des pesticides et autres engrais qui sont dans certains cas introuvables. C’est le parcours du combattant pour avoir des engrais. A cela s’ajoute les déboires administratifs. «On doit avoir une autorisation délivrée par les services de sécurité pour acquérir des engrais», précise notre interlocuteur. Il fut un temps, notamment durant les années 2000, il est était quasiment impossible de se faire délivrer cette fameuse autorisation en raison de l’insécurité qui régnait alors. Les engrais étaient utilisés dans la fabrication des bombes artisanales. Les agriculteurs de la région notamment de l’est de la wilaya étaient menacés la plupart des temps par les groupes terroristes. Ces derniers, en sus de cela, demandent le paiement de la dîme aux agriculteurs. La promesse du désormais ex-wali, d’ouvrir un marché de gros pour la filière, n’est toujours pas tenue. Les viticulteurs trouvent d’énormes difficultés pour écouler leur marchandise hautement périssable. «On ne peut pas parler d’exportation quand le marché interne n’est toujours pas régulé», nous dira Hamou. «Il faut d’abord mettre les moyens nécessaires pour le marché interne. En dehors des marchés réguliers, on ne trouve pas où vendre notre marchandise. L’exportation qui est encore un marché vierge et qui peut faire rentrer des recettes en devises pour le pays, semble impénétrable dans une situation pareille». «Ceux qui ont failli en nous accompagnant dans le marché interne, feront de même pour le marché externe», a-t-il encore ajouté. Mais les solutions à l’export existent. C’est ce que nous confirme, M. Ahmed Segaoui, l’expert agronome et chargé d’affaires et du développement à l’entreprise française Janny MT. «Notre entreprise a fabriqué des modules d’atmosphères contrôlés qui permettent de préserver le produit aussi longtemps que possible», a-t-il dit. «Ces modules en forme du cube peuvent contenir jusqu’à 250 kg de raisins, et grâce à un système de refroidissement hautement qualifié, le produit peut être préservé plus de six mois», a-t-il ajouté. Ce système modulaire qui coûte 400 euro et dont la durée de vie dépasse les 15 ans, contient des membranes spéciales pour la conservation du produit, et permet aux agriculteurs d’exporter facilement à l’étranger. Une firme pilote de système modulaire d’atmosphère contrôlée a été créée à Baghlia avec le viticulteur Oumellal Youcef. Cette firme a prouvé sa réussite et exporte son produit depuis quelques années. L’expert agronome nous dira que le produit Algérien a tout le potentiel de conquérir les autres pays, notamment Européens. «Nous souhaitons créer un produit avec une appellation d’origine contrôlée pour la vigne de Boumerdès et généraliser le système modulaire, afin de conquérir un marché de plus de 500 millions d’habitants», a-t-il poursuivi.

Youcef. Z

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