Agouilal à moitié déserté

Partager

Le village Agouilal rattaché administrativement à la commune d’El-Adjiba est l’une des dernières agglomérations de la région qui affiche encore un décor de sous développement palpable. C’est un village implanté sur les flancs sud de la chaine du Djurdjura qu’on croyait vide à notre arrivée sur les lieux samedi dernier vu que la plupart des maisons sont abandonnées. Il y régnait un silence sidéral et nulle présence humaine aux alentours. Il a fallu faire le tour du village en suivant l’unique route qui le traverse pour rencontrer enfin un jeune handicapé. En apprenant le motif de notre venue, le jeune appela deux autres citoyens âgés dont il dira qu’ils sont habilités à parler au nom du village. Nos interlocuteurs ne se font pas prier pour énumérer tout les manques en matière de moyens de développement. A commencer par l’absence totale d’un ouvrage d’assainissement. A ce sujet, ils affirment que les rejets individuels sont lâchés en pleine nature et juste à proximité des maisons. Le réseau de L’AEP du captage de la source Ifri, réalisé il y a 36 ans selon eux, est dans un état de vétusté tel que plus de la moitié du faible débit se perd en cours de route et ce, à cause de multiples avaries. Par conséquent, ils ne reçoivent de l’eau dans leurs robinets qu’une journée sur deux pendant quelques minutes. La contrainte suivante soulevée est la cécité qui a frappé l’éclairage public depuis plusieurs années et l’ouvrage est en grande partie détérioré. Il faut souligner que ce village perdu dans ces immensités est étroitement ceinturé par la forêt vierge. «Nous disputons les terrains mitoyens des maisons aux animaux sauvages», nous dit l’un d’eux. Plus loin, nous apprenons que l’école primaire est fermée depuis plusieurs années au même titre que la salle de soins. Les petits écoliers du primaire auxquels l’APC a offert le transport font un parcours de 18 km à l’aller et retour jusqu’à l’école de Semmache. Quant au gaz naturel, c’est un luxe qu’ils n’espèrent pas voir de sitôt. Nos interlocuteurs diront qu’en guise de protestation et pour dénoncer leur marginalisation, ils ont empêché le passage sur leurs terres d’une ligne électrique qui devait alimenter le barrage Tilesdit à partir de la centrale électrique d’Ath Illiten. Cela perdure depuis 9 mois. Le dernier constat qu’on a fait sur les lieux est l’état de l’unique route qui les relie à Semmache longue de 9 km. Bien que récemment revêtue en bitume, elle commence à afficher des fissurations causées par l’érosion, car l’ouvrage de drainage des eaux pluviales n’a pas été réalisé. Notons enfin que ce village qui abrite à l’heure actuelle environs 1.000 âmes a été à moitié déserté durant la décennie noire. Tous ceux des villageois qui ont les moyens sont allés s’installer à El Adjiba, Semmache et Bechloul. Il est utile de signaler qu’Agouilal a été rasé par l’armée coloniale en 1957 et compte une dizaine de martyrs. Les villageois d’Agouilal qui se disent marginalisés, espèrent une réaction des autorités locales pour les sortir de cet isolement qui n’a que trop duré.

O. S.

Partager