Beaucoup de critiques avaient cru qu’avec : “La rue des archives”, il avait définitivement enterré sa mère qui l’avait abandonné à l’âge de neuf ans. Ce thème ne cesse d’irriguer sont travail romanesque depuis la parution de son premier roman “Tanguy” chez Julliard en 1957. “Cette permanence thématique comme dirait “Roland Barthes” obéit à la mémoire des mots remis sans cesse à l’ouvrage”. Il subsiste toujours dans la nouvelle écriture les sédiments des différentes expériences menées à travers l’enchaînement des romans. Même lui, il le reconnaît en disant “Que chaque auteur joue toujours la même musique”. Dans le roman qu’il vient de publier aux éditions du Seuil : “Les portes du sang”, Del Castillo ne déroge pas à la règle et ressuscite sa défunte mère sous les traits de l’inénarrable Carla Del Monte. Le personnage est une sorte de quintessence dépeint sous les traits de “Dina, Tara, une femme en soi ou le démon de l’oubli” dans les précédents romans. Une véritable épopée de celle qui avait même accueilli pour un dîner sous son toit à Paris, feu Ferhat Abbas, à la veille de rallier le FLN en 1956. Une fois n’est pas coutume, Del Castillo se débarrase de son rôle de narrateur. Il se cache derrière les traits d’un virtuose du piano qui répond au doux nom de Tchoum-Tchoum. Et, c’est à Angelina Toldo, étudiante en lettres, qu’il délègue son rôle habituel, pour l’aider à comprendre la vie tumultueuse de cette femme. La jeune Angelina va se rendre compte rapidement que rédiger une grande biographie de Carla Del Monte n’est pas une sinécure. Les sources sont multiples et les témoignages divergent, compliquant ainsi la tâche de l’entreprise. Mais, une constante demeure, Carla Del Monte est une femme comme on n’en fait plus. Une femme aux allures impériales. Une icône adulée malgré son sens de la démesure et ses goûts extravagants. Fidèle à sa souche originelle, elle avait gardé tous les défauts de son extraction bourgeoise. Une caste ruinée par la guerre civile d’Espagne remportée par le Caudillo. Partout, la suivaient, les décombres d’un univers vivant pour le clinquant et le tape-à-l’œil.Le destin du petit Tchoum-Tchoum va se jouer au camp de Rieucros dans le Midi de la France.Michel Del Castillo vient de montrer que les blessures de l’enfance, peuvent donner une écriture romanesque très élaborée qui enchante toujours le lecteur.
Slimane Aït Sidhoum