(5e partie et fin )
“Ressaisis-toi, avant qu’il ne soit trop tard !-Ce n’est pas des conseils que je veux, mais le lait de la lionne à même de guérir ma femme !-Puisque tu es aveuglé et têtu comme une mule, voici comment devras tu prendre pour te procurer le lait.Tu devras prendre avec toi une chèvre que tu attacheras à proximité de la tanière des lions. Dès qu’ils entendront les bêlements, ils se précipiteront pour la dévorer. Tu profiteras de cet instant pour entrer rapidement dans leur gîte tu prendras uniquement deux lionceaux.Le plus frêle, tu l’égorgeras et l’écorcheras. Le second, tu le mettras dans la capuche de ton burnous, il te servira de monnaie d’échange”. Une fois repue, la lionne s’allonge à même le sol, et offre généreusement ses mamelles à ses petits, mais il n’y a que deux qui se présentent, les deux autres sont absents. La lionne rugit pour les appeler mais en guise des petits, c’est le mari mené par le bout du nez qui se montre à la lionne et dans la capuche de son burnous, son petit.“-Rends-le moi !-D’accord, mais à la condition que tu me donnes un peu de ton lait, avec deux longs poils arrachés de la moustache du lion, ton compagnon !-D’accord, mais fais-vite !”L’homme relâche le lionceau et se met à la traire en cachant de son burnous l’outre faite avec la peau du petit. Car, si elle savait qu’il avait tué son petit, elle ne l’aurait jamais laissé, au contraire elle l’aura dévoré.En possession du précieux lait, l’homme quitte le lieu à la vitesse de l’éclair. Il avait pris soin d’enterrer le corps du lionceau, mais on ne sait jamais. Ce n’est qu’après s’être très éloigné qu’il se sent en sécurité. La mission accomplie, comme il devait retourner chez lui en passant à côté de la demeure de “l’amghar azemni”, il décide de le voir, et même de lui demander de l’accompagner dans le cas où il ne verrait pas d’inconvénients.“Amghar azemni”, (le vieux sage), accepte l’invitation. C’est ainsi que les deux hommes prennent la route en direction de la demeure où les attend la femme “malade”. En arrivant près de l’habitation, le mari est étonné de voir plusieurs lampes à l’huile allumées. C’est jour de fête chez lui, et il ne sait pas pourquoi.Prudemment, ils descendent de son cheval et avancent à pied. Ils sont surpris de voir à travers les interstices de la porte, que la femme est parée comme pour une noce, mais qui est le mari ?Ils ne tardent pas à le savoir. A un certain moment, le jeune ogre monte du sous-sol paré comme “isli” (fiancé). Aucun doute n’est permis.Il tendent l’oreille et entendent :Thikelt agi d’ayenArgaz itchath ouayrad’Thikelt agi ourd itsoughal(Cette fois-ci, c’est fini, le lion l’a dévoré, il ne reviendra plus, à nous la belle vie !). Ces paroles prononcées et répétées par le couple, font sur le mari bafoué, l’effet d’un couperet. “Amghar azemni” regarde le mari sans rien dire. Il hoche la tête, il a tout compris, mais c’est trop tard, le mal est fait ! Il ne lui reste qu’une seule chose : se venger !Il ouvre la porte brusquement et d’un coup d’épée, bien ajusté, il tranche le cou de l’ogre avant qu’il ne puisse se rendre compte de ce qui lui arrive. La femme infidèle se réfugie dans un réduit pour échapper à l’épée, mais, méprisant son mari lui dit : Feldjalt im djigh vav d’yemmaFeldjalt im l’mouts our tsegadagh araThekhd’aâdh iyi a lallaThektharedh ouaghgzen Louah’ch Lekhla.(A cause de toi, j’ai abandonné mon père et ma mère.A cause de toi, j’ai bravé tous le dangers, toi misérable, tu m’as trahi avec un ogre de la forêt.J’ai bien envie de te tuer, mais ma vengeance ne sera pas assouvie, aussi, je te laisse en vie, afin que les remords te rongent jusqu’à la fin de ta vie ! Vas et que je ne te revoies plus !).Le mari trahi prend possession de toutes les richesses des ogres et rentre chez lui accompagné par amghar azemni qu’il ramène dans son lieu de retraite.Il demande pardon à ses parents, les fait profiter des richesses ramenées, puis se remarie avec une fille de la famille.Il vécut heureux avec ses parents et sa nouvelle femme qui lui donne beaucoup d’enfants.Our kefount ethhoudjay inouOur kefoun irden tsemzine. As n-elaïd anetch aksoum tsh’emzine ama ng’a thiouanzizine(Mes contes ne se terminent comme ne se terminent le blé et le l’orge. Le jour de l’aïd, nous mangerons de la viande et des pâtes, jusqu’à avoir des pommettes rouges et saillantes).
Lounès Benrejdal