Les fellahs de l’arrière-pays de Béjaïa découvrent, en allant préparer leurs oliviers à la récolte, avec consternation, les dégâts causés par la mouche à olives. En effet, attaqués par ce parasite, les grains d’olives noircissent prématurément, pourrissent sur l’arbre et tombent le sol. C’est en tous cas ce que rapportent dépités les fellahs qui sont allés sarcler leurs oliviers. A la faveur des pluies du printemps dernier, les mauvaises herbes ont poussé abondamment sous les feuillages des arbres. C’est en enlevant ces herbes au râteau ou à la houe que les fellahs constatent à leur dam que le sol est tapissé d’olives pourries. Il faut donc aussi nettoyer la terre de ces olives de peur qu’elles contaminent les saines, qui sont encore accrochées à l’arbre et qui tomberont à maturité lors du gaulage. La mouche à olives se nourrit de la pulpe du fruit et se prolifère vite. L’insecte se développe à la faveur de conditions climatiques douces et humides. Quelques variétés d’olives en fonction de leur grosseur et de l’importance de leur chair sont plus sensibles que d’autres. L’autre problème est qu’il existe dans cette région de l’ouest de Béjaïa une notion, toujours en usage, de licite et d’illicite en ce qui concerne le ramassage des olives, en ce sens que les fellahs ne doivent pas commencer la récolte des olives avant une certaine date, habituellement fixée autour du 28 octobre, et ce, même si les olives sont mures et tombent par terre sous l’effet du vent ou de la pluie. Si, de peur de perdre sa récolte, un fellah ramasse les fruits tombés d’eux-mêmes, il ne peut que les mettre dans un sac qu’il laissera au tronc de l’arbre ou accrochera entre deux branches, en attendant le moment de les ramener à la maison sans penser avoir commis un sacrilège ou un péché.
B. Mouhoub