La Kabylie se mobilise

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Cette année, contrairement aux précédentes, les commémorations se dérouleront dans un franc climat de sérénité, voire de stabilité, ce qui augure d’un printemps beaucoup plus sage que ceux qu’on a connus depuis 2001. Les archs, indissociables partenaires de l’événement, ont été les premiers à se mettre de la partie. Le dernier conclave de l’interwilayas, tenu ce week-end à M’kira, a consacré l’essentiel de son temps (et de ses débats) à l’élaboration d’un “digne” programme commémoratif pour le Printemps noir. Après palabres, la plénière a adopté, sans grande difficulté, une batterie d’actions pour les journées des 18, 20 et 22 avril prochains. Des actions qui, il faut le dire, ne différent en rien de celles menées par le Mouvement citoyen depuis avril 2001, mais qui font désormais partie des coutumes commémoratives en Kabylie : recueillement sur la tombe de Guermah Massinissa, rassemblement populaire (au lieu d’une marche) au centre-ville de Tizi, une grève générale et un rassemblement-marche à Oued Amizour, le 22 du même mois.Quoi que l’on puisse dire sur ce programme, que certains trouvent moins “osé” que d’habitude, il n’en reste pas moins qu’il est de loin le plus complet et le plus consistant de tous. Dans cette logique, et même si les festivités parrainées par les archs ne drainent plus les grandes foules d’antan, tout le monde sait (y compris leurs adversaires politiques), que c’est la seule force capable d’organiser des actions d’une telle envergure. Les archs ont au moins le mérite d’oser, de temps à autre, de telles sorties où leur capacité de mobilisation est implacablement testée sur le terrain. A l’heure où nous sommes, à une petite semaine du “grand” jour, aucune formation politique ne s’est encore manifestée pour célébrer l’événement. Ce qui est probable, c’est que les partis marquent “leur présence” par de petites conférences tenues, en catimini, dans leurs minuscules locaux à Tizi Ouzou.Si certains tentent d’expliquer cela par l’animosité qu’affichent certains politiques de la région envers les archs, “détenteurs” de la légitimité historiques sur le Printemps noir, il est néanmoins inconcevable que la date du 20 avril 1980 soit sciemment radiée de l’agenda des politiques pour quelque raison que ce soit.Ce qui est réconfortant par contre, c’est de savoir que le mouvement associatif de la région, est, cette année encore, à l’avant-garde des festivités commémoratives. Des dizaines d’associations sont en effet impliquées dans un large programme dédié aux deux 20 Avril. La Maison de la culture Mouloud-Mammeri s’est également mobilisée pour l’événement. Les citoyens, eux, demeureront certainement fidèles à leur “kabylité” et tenteront loin de tout calcul, de marier les trois messages que les deux printemps ont porté : contestation, culture et identité. Le folklore lui ne fait plus recette en Kabylie.

Ahmed B.

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