L’or noir flirte avec les 70 dollars

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Le pétrole s’en est allé renouer avec ses précédents records historiques. Lundi dernier et hier matin, le Brent a pulvérisé un cours historique à Londres tandis qu’à New York, le baril de brut s’est approché de ses plus hauts niveaux. Ce sont les tensions géopolitiques en Iran, Irak et Nigeria, et des craintes de pénurie d’essence aux Etats-Unis, qui affolent ainsi les cours d’or noir.Ainsi, sur l’Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai est monté à 68,93 dollars en séance. Il a clôturé à 68,75, en hausse de 1,46 dollar. Il a battu ainsi en séance son précédent record établi le 30 août 2005 à 68,89 dollars le baril, un jour après la passage du cyclone Katrina qui a endommagé de nombreuses raffineries dans le golfe du Mexique. A New York, le baril de « Light sweet crude » sur l’échéance de mai a clôturé à 68,74 dollars. Son plus haut niveau depuis le 1er septembre, et pas très loin de son record de clôture du 30 août, à 69,81 dollars. C’est ce même jour qu’il a atteint son record historique absolu en séance, soit à 70,85 dollars. Les experts et autres observateurs du marché s’accordent sur le fait que le pétrole s’achemine vers la barre des 70 USD. »Le marché est de nouveau entré dans une tendance à la hausse qui devrait mener jusqu’à 70 dollars le baril », a estime l’un d’entre eux.La principale crainte est celle de la crise qui oppose les pays occidentaux à Téhéran sur le nucléaire, qui pourrait déboucher sur une attaque militaire de Washington, à laquelle l’Iran pourrait répliquer en coupant ses exportations de pétrole. La peur d’une escalade militaire a été relancée ce week-end par des articles dans la presse américaine, évoquant la possibilité que Washington frappe militairement Téhéran si l’Iran, quatrième producteur mondial de brut, ne renonce pas à son programme nucléaire. Le président George W. Bush a pourtant nié lundi que son administration prépare une action militaire et a préconisé une solution diplomatique de la crise. Mais cette déclaration n’a pas calmé les esprits sur le marché pétrolier. « Les opérateurs considèrent qu’il est très peu probable que les Etats-Unis attaquent l’Iran », explique un analyste. « Ils spéculent sur le fait que les prix atteindraient des sommets si cela devait arriver », en achetant maintenant pour revendre plus cher ensuite, poursuit-il. Ces anticipations peuvent expliquer que tous les contrats à terme de « Light sweet crude » à partir de l’échéance de juin s’échangent au-dessus de 70 dollars. « L’afflux d’argent spéculatif revient sur le devant de la scène », renchérit un autre analyste.Les cours sont aussi largement soutenus par la crainte d’une pénurie d’essence aux Etats-Unis cet été, au moment des nombreux déplacements en voiture. Les réserves américaines d’essence sont en baisse continue depuis plus d’un mois, en raison d’une capacité de raffinage réduite due aux dégâts des ouragans de l’été dernier et à de nouvelles normes environnementales dans la composition de l’essence. « On s’attend à ce que les stocks de carburant aient baissé de plus de 2 millions de barils » la semaine dernière, note un expert pétrolier, en faisant référence à la publication hebdomadaire des chiffres des stocks américains, attendue mercredi. Même si les stocks américains de brut sont eux largement supérieurs à la normale, les craintes liées à l’essence suffisent à faire monter tout le marché, explique-t-il, en estimant « très concevable » que le brut new-yorkais batte son record absolu dans les jours qui viennent. Le gallon (3,78 litres) d’essence a fini lundi à 2,0092 dollars sur le Nymex, au plus haut depuis six mois.

E. B et AFP

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