Des études de la France coloniale remises en cause

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Selon l’anthropologue Abdelbaki Ghafour de l’université de Tlemcen, intervenu lors du premier colloque national sur la société algérienne à travers les études anthropologiques, organisé hier à l’université de Tamda, la majorité des études réalisées durant la période coloniale sont souillées d’arrière-pensées.

«Ces études faites par des étrangers ne pouvaient pas être objectives. Elles ont été réalisées, en majorité, pour des desseins inavoués et préconisés par la France coloniale. Même s’ils demeurent des références incontournables pour les chercheurs, force est de constater que ces travaux n’ont pas toujours eu de caractère académique», avertit M. Abdelbaki. Pour étayer ses propos, cet ancien enseignant de l’université Mouloud Mammeri décortique la célèbre étude faite par le militaire Adolphe Hanoteau et le juriste Letourneax : «La Kabylie et les coutumes kabyles». Réalisées dans un contexte bien précis et «commandées» par des colonialistes, ces études ont traversé trois périodes distinctes. «En général, il y a eu trois genres d’études dans la période coloniale : les études d’exploration; les études militaires et les études académiques», notera le conférencier qui classe, donc, le travail de Hanoteau et Letourneux dans la catégorie militaire, qui met en application la stratégie «diviser pour mieux régner». Et d’ajouter : «La France coloniale anticipe des études anthropologiques pour contrecarrer les révoltes kabyles». L’orateur évoquera également la stratégie d’étude qui voulait croire au bienfait de la colonisation et à sa mission civilisatrice. Par ailleurs, plusieurs communications sont programmées pour la journée d’hier et d’aujourd’hui avec des enseignants venus de différentes universités, dont celles de Constantine, Tlemcen, Batna, Alger, Sétif, Tizi-Ouzou, Ouargla, Blida, Jijel, Béjaïa, Bouira et Oran. Les communications prévues ont trait à deux périodes de l’histoire d’Algérie : coloniale et post-indépendante. Selon le président du colloque, Dr Dahmani Slimane, l’organisation et la programmation de ce colloque dans ce contexte a trois objectifs. D’abord la commémoration du déclenchement de la révolution algérienne, ensuite faire la lumière sur les études importantes réalisées sur la société algérienne dans différentes périodes et, enfin, un hommage à Mouloud Mammeri qui, lui aussi, avait fait un travail remarquable d’anthropologie, en l’occurrence L’Ahellil de Gouraya.

F. E.

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