Le figuier voué à la disparition ?

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Le figuier est en net recul au niveau de toute la Vallée du Sahel et de la région de M'Chedallah.

Après avoir régné, avec l’olivier, durant des siècles, cet arbre rustique a entamé son déclin depuis ces 20 dernières années. Plusieurs facteurs négatifs contribuent à sa disparition dans un proche avenir si rien n’est fait pour relancer les figueraies. A commencer par l’insécurité et le terrorisme qui ont vidé les campagnes notamment les régions montagneuses qui forment plus de 70 % des terres agricoles où le figuier affichait sa prédominance à coté de l’olivier. La désertion de ces campagnes par les habitants a été à l’origine d’une spectaculaire invasion des vergers par des hordes de sangliers et de singes, un fléau qui a sa part de destruction dont est victime le figuier. Un autre facteur, est l’apparition d’une étrange maladie entre 2004 et 2010, qui a décimé la plupart des légendaires figueraies à travers les villages de montagnes des communes de Saharidj et Aghbalou qui détiennent la première place dans la culture du figuier, avec des fruits de hautes qualités. Les incendies en séries dans ces régions entre 2000 et 2010 ont achevé de réduire les figueraies à un simple souvenir. L’abandon du travail de la terre et le peu sinon les insignifiantes opérations de plantations et le désintéressement des paysans ont fait le reste. Le figuier plusieurs fois millénaire était jadis un arbre sacré au même titre que l’olivier mais avec cette différence que le figuier est plus fragile et moins résistant que l’olivier. C’est une plante qui nécessite des soins continus tels que l’emblavement (labour) des figueraies, la taille et l’engraissement à base de fumier. Nos ancêtres utilisaient une technique pour le rajeunissement dénommée  » arekel » qui consiste à tirer vers le bas les branches longues d’un vieux figuier sans le détacher du tronc pour enterrer une partie de cette branche ne laissant apparaître qu’environs 25 cm de ses tiges. Cette branche donnerait des racines en moins d’une année et deviendrait ainsi un jeune figuier, avant que l’arbre mère ne s’assèche et meurt. En ce qui concerne la protection et la qualité du fruit, nos aïeux accrochaient durant les mois de juin et juillet des grappes de fruits de figuier sauvage « dokkar » à partir desquels s’échappent des nuées de minuscules mouches qui lâchent un liquide à l’intérieur de chaque grain des figues fraiches. Une sorte de vaccin naturel qui non seulement protège la récolte de toutes les maladies mais lui donne aussi du gout. Cette opération est elle aussi abandonnée depuis plusieurs décennies. Signalons pour conclure le dernier facteur négatif qui est le peu d’intérêt que portent les services agricoles au figuier. Il n’a jamais été enregistré dans la région une distribution du figuier comme l’olivier ou d’autres arbres fruitiers aux cultivateurs ces deux dernières décennies.

Oulaid Soualah.

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