La cueillette des olives bat son plein

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Les prévisions en matière de production d’huile d’olives s’annoncent, cette année, sous de bons auspices dans la région des Ath Waghlis.

L’olivier, cet arbre millénaire, est en abondance dans cette localité comprenant Chemini, Tibane, Souk Oufella, Tinebdar et El-Flay. Les oliveraies sont à perte de vue. Certains oliviers sont plus que séculaires. Les dernières pluies ont amplement laissé mûrir le fruit noir. L’olive qui s’est gorgé d’eau et de soleil durant des mois a doublé de volume, en arborant une coloration noirâtre. Pratiquement, tout le flanc de l’Akfadou est couvert de vastes oliveraies, jalousement gardées par leurs propriétaires. Entamée depuis quelques jours, la cueillette des olives bat son plein. Les paysans ont élu quartier dans leurs vergers oléicoles qui retrouvent ainsi une certaine animation. Hommes, femmes et enfants sont à pied d’œuvre de bonne heure, par groupes ou en familles tous joyeux malgré la tâche difficile qui les attend. Infatigables, plutôt adroites et habiles, les femmes «cueilleuses» des olives ont de l’énergie à en revendre et se donnent à cœur joie dans cette tâche, qui est plus qu’une tradition. Une passion tout simplement. Tâche plus que séculaire, la cueillette des olives à Ath Waghlis est une question de famille. Une ambiance indicible s’installe dans les champs aux premiers jours de l’amorce de la saison oléicole. «Le retour progressif aux activités de nos ancêtres est un plaisir immense. Communier avec la nature, se prélasser un instant sous l’olivier centenaire planté par nos aïeux, en sus, le chant des oiseaux nous berce comme des enfants. C’est une aubaine», dira Said, père de famille. La production oléicole, cette année, sera à coup sûr d’une extrême abondance. C’est visible à travers les nombreuses oliveraies que compte la région. Cependant, l’ambiance qui caractérise ce genre d’événement, qui n’arrive qu’une fois par an, vaut le déplacement. Grands et petits, tous se mobilisent dans la joie et la bonne humeur pour collecter les olives. Sur les lieux, chacun y va de son expérience, de sa résistance et de son âge. Les tâches sont réparties selon ces critères, les hommes sur les arbres armés d’une gaule, les femmes et les enfants au ramassage. Des proches viennent souvent apporter leur aide. Il faut dire que les femmes s’acquittent, déjà dès l’aube, d’une autre tâche, à savoir la préparation du repas de la mi-journée. Depuis leurs arbres, les hommes battent les rameaux, les secouent avec méthode de façon à ne pas blesser l’olivier. Pour les rameaux les plus proches, il suffit de glisser la main fermée le long de la branche pleine pour recueillir le fruit à mettre directement dans le panier. Le travail de ramassage ne commence qu’une fois le sol couvert. La collecte exige aussi de la patience et de la dextérité. En plus d’être, durant des heures, penché à ramasser, il faut récupérer les olives là où elles s’arrêtent quand elles dévalent la pente des collines. Il faut aussi les chercher dans les ronces et les haies de mûres sauvages pleines d’épines et d’échardes. Mais ces endroits sont pour les plus hardis aux mains expertes. Cela sera, ainsi, d’un olivier à un autre, d’une parcelle à une autre jusqu’au dernier arbre. Des gestes qu’ils répètent inlassablement à longueur de journée et tout le long de la campagne. Cette année, les paysans tablent sur un bond de la production, laquelle est due au phénomène naturellement capricieux de l’olivier qui est généralement rentable une année sur deux, mais les prémices d’une bonne récolte sont aussi le fruit de meilleurs travaux d’entretien. L’huile d’olive kabyle et notamment celle d’Ath Waghlis jouie d’une réputation et d’une image positive. Celle-ci est construite sur la base de variétés d’olives spécifiques et sur des savoir-faire (de cueillette, stockage et de trituration) incontestables. Les plus répandues sont les variétés Chemlal, Azerradj et Limli. Mais d’autres variétés moins connues sont aussi recensées à travers le territoire de la wilaya de Béjaïa, comme Aberkane, Akarma, Takasrit, Tafeh, Bouichret, Bouchouk, Aymel, Agraraz… Au demeurant, la variété de Limli est la plus répandue dans le territoire d’Ath Waghlis, couvrant ainsi les versants montagneux de l’Akfadou jusqu’aux rives de la Soummam. En somme, l’olive se décline en plusieurs variétés qu’on peut retrouver dans plusieurs pays du bassin méditerranéen, comme la France (Sabina, verdal, lucques…), Espagne (Picual, cornicabra, gordal…), Tunisie (Chetoui, oustali, meski…), Maroc (picholine marocaine…), Grèce (Mastoidis, kalamata, conserviola…), Italie (Frantoio, lecino, pendolino…)… L’oléiculture est maintenue depuis longtemps dans les régions montagneuses sous forme d’une culture vivrière. Elle a toujours symbolisé l’attachement à la terre. C’est une culture très représentative au niveau de ces régions, issue d’un héritage historique. Arbre légendaire, symbole de paix, l’olivier revêt pour les Kabyles, une grande importance sociale et économique. Son huile constitue un élément fondamental de leur alimentation puisque les ménages en consomment entre 20 et 50 litres par an. Elle est considérée tout à la fois aliment, médicament et cosmétique. Ses vertus pour la santé vont de l’antioxydant, l’augmentation des défenses de l’organisme à la prévention des maladies cardiovasculaires

Bachir Djaider

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