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Denis Martinez, ou le rêveur de l’impossible

«L’awal est important pour Denis Martinez, il représente la cosmogonie d’un peuple. De ce fait, le peintre va au devant des propositions de partage». C’est en ces termes que le peintre Denis Martinez est présenté par le poète et écrivain, Youcef Merahi, lors d’une conférence animée conjointement avec le directeur du Festival Raconte-arts, Hacene Metref, dans l’après-midi d’avant-hier. Axés autour du thème : «le rêveur d’impossible Denis Martinez, dans l’aventure du Raconte-arts», les conférenciers ont mis en exergue le rôle que joue ce grand peintre qui est Martinez dans la valorisation de Tajemaât et son rôle social dans les villages kabyles. «La force de Denis est de repérer également des personnages tels que Da Mohand qui est la mémoire du village Taourirt Mokrane, Na Tassadit d’Ait El Kaid et le photographe centenaire de Tiferdoud», explique Hacène Metref. Pour Youcef Merahi, «L’awal est important pour Denis Martinez, il représente la cosmogonie d’un peuple. De ce fait, le peintre va au devant des propositions de partage. Il veut que sa peinture marque une continuité historique, lien magique qui veut que la mémoire n’arrête pas de redynamiser l’identité, prise dans son absolu. La tadjemaat est l’endroit, par excellence, pour Denis Martinez, d’affirmer encore une fois, son immémoriale peinture. C’est dans ces endroits ancestraux que la société se fait et se défait. C’est le lieu parfait de la décision populaire, donc de la démocratie. C’est le lieu où l’artisan du verbe saura dire son mot pour tracer un avenir. C’est également le lieu où la parole vaut son pesant d’or, car il n’est nul besoin d’un support écrit. La peinture de Denis Martinez est à ce niveau d’exigence ». A propos de la peinture de Martinez , Merahi souligne : «Elle est exigeante ; elle est sociale ; elle est humaine ; elle tire sa puissance d’une mémoire carnivore pour construire un engagement : celui de l’artiste en prise avec sa société. Denis ne se satisfait pas de cette seule facette ; il va à la rencontre des foules, leur parle, les écoute et tire la quittance de sa force, de ces échanges». Hacen Metref, quant à lui, explique pourquoi «le rêveur de l’impossible» : «il était impossible de faire bouger les villages kabyles mais Raconte- arts a  »échappé  »par la fenêtre du vent  »tak ouvehri  ». La première édition du festival a été construite par cette fenêtre et ça a libéré les énergies, les espaces et les expressions. Raconte-arts a démontré qu’il n’y a pas d’obstacles pour bien faire». Sur le travail de mémoire que fait Denis Martinez, Metref déclare : «Le point inaugural du festival pour Denis est dans le lieu central de tajmaat qui a joué un rôle culturel. La fenêtre du vent, ziari et ayrad sont devenus des rituels de Raconte-arts grâce à Martinez. L’artiste peintre, nous interpelle pour faire un travail de mémoire, ne pas oublier ces gens là. Pour lui, Raconte-arts est un champ d’expérimentation et ses expériences ont abouti. A un moment donné, on a perdu nos traditions, avec cette manifestation, on est en train de les retrouver. Le but du festival est de s’ouvrir sur le monde, mais en même temps, il y a cet enracinement».

Sonia Illoul

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