En chantier depuis près de dix ans, la nouvelle daïra d’Ain El Hammam, à 45 kilomètres au Sud-est de Tizi-Ouzou, n’est pas près de voir le jour. Le chantier semble peu actif pour un édifice «inscrit dans l’urgence» comme on nous disait à l’époque, pour venir remplacer l’actuelle structure administrative qui se trouve dans un état de vétusté avancé. Implanté à quelques mètres du siège de l’APC, sur la rue Colonel Amirouche, le projet de la nouvelle daïra dont la carcasse est érigée sur trois niveaux avec un logement de fonction, occupe la totalité des ruines de l’ancienne brigade de gendarmerie nationale, elle même héritée de la colonisation. Les deux derniers chefs de daïra qui se sont succédé à Michelet, ont espéré procéder à son inauguration, avant de revoir leur «ambition» à la baisse. Ils sont partis sans y habiter. Le rythme des travaux n’a jamais connu d’accélération, malgré leurs fréquentes inspections du chantier. Le chantier est ancré en ces lieux, depuis si longtemps qu’il semble faire partie du décor. Aucune date de son inauguration n’a été avancée pour le moment. Même si les ouvriers qui n’ont jamais quitté les lieux, semblent s’atteler à la tâche, ils ne donnent pas l’impression d’être tenus par une quelconque date butoir. Vue de dehors, la structure ne semble pas être sur le point d’être livrée. Son retard est souvent comparé à celui de la polyclinique dont les travaux ont duré une quarantaine d’années achevée enfin, il y a deux ans. Pourtant l’actuel siège de daïra, une ancienne résidence de l’administration française, aménagée en daïra donne des signes de vétusté avancée. Le mur de soutènement en pierre, sensé conforter la cour et le parking, est lézardé de toute part, menaçant de s’effondrer à la moindre secousse avec une partie des bureaux. Ce serait dommage pour ce monument dont certains ignorent l’histoire. Pour rappel, c’est à l’intérieur de cette résidence que les officiers français procédaient, loin de tout regard, aux interrogatoires. La salle de torture où plusieurs moudjahidine ont souffert, se trouvant au sous sol, devrait être préservée comme témoignage de l’horreur de la guerre. La toiture des locaux du premier étage, bien que recouverte de papier goudron, ne cesse de s’ouvrir aux infiltrations des eaux pluviales. Les murs anciens dont les enduits tombent en lambeaux sont périodiquement rafistolés mais grossièrement, sachant que les fonctionnaires quitteraient les lieux, un jour «proche», qui tarde, tout de même, à arriver. Le personnel confiné dans des bureaux étroits et lugubres, attend avec impatience l’inauguration de leur futur lieu de travail pour des locaux plus spacieux et plus aérés, avec façade sur le Djurdjura.
A. O. T.
