La commercialisation du préservatif reste un tabou

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Le syndrome immunodéficitaire acquis, connu sous le nom du SIDA, dû à une contamination au virus VIH découvert dans les années 80, reste à ce jour un réel fléau et un tabou dans la société, même citadine de notre pays. Alors que la société médicale a classé ce syndrome sur la liste des maladies chroniques infectieuses, l’opinion n’en veut rien savoir, vu sa voie de contamination sexuelle, qui, en fait, fait réellement partie d’autres voies, à savoir sanguines. Rien que pour ça, la plupart des personnes interrogées trouvent encore que le SIDA reste une «maladie de la honte» à cacher, néanmoins sans porter atteinte au respect des malades affectés ni aux porteurs sains de ce virus que l’on nomme les séropositifs. Il a suffit de faire un tour auprès des officines pharmaceutiques aux quatre coins de la wilaya de Béjaïa, soit dans les villes ou dans les villages, pour en savoir quelque chose sur le sujet tabou du SIDA. Les mentalités sont presque les mêmes concernant la vente et l’utilisation des préservatifs, même pour les couples mariés, quand il leur est indiqué «médicament de protection des rapports sexuels». Un pharmacien d’une grande ville de la wilaya de Béjaïa affirme cela et témoigne de la discrétion la plus totale concernant la vente de ces moyens préventifs des maladies sexuellement transmissibles. «Il y a des cas où le médecin conseille à un couple l’utilisation des préservatifs comme moyens de prévention, mais les demandeurs le font toujours en cachette et préfèrent ne jamais demander ces consommables devant des présents», indique le pharmacien qui relie cela au tabou des maladies sexuellement transmissibles dans notre société. Mêmes topo et constat dans la plupart des officines que nous avons visitées lors de notre tournée où la vente des préservatifs se fait dans la discrétion la plus totale, selon nos interlocuteurs qui avouent, pour la circonstance, que ceux qui viennent pour s’en procurer choisissent des moments de faible affluence. Beaucoup de personnes questionnées sur le même sujet ne se gênent pas de confirmer leur incapacité d’acheter des préservatifs même sous prescription médicale pour le motif que cela leur porte préjudice dans leur vie sexuelle. «Franchement je ne peux le faire devant une tierce personne de notre société qui fait montre de plusieurs préjudices, car cela lui fera croire que je porte le SIDA ou autre maladie sexuelle, sinon on me taxe de vicieux, et c’est bien dommage», dixit un jeune passant. Un autre témoin ira jusqu’à nous défier si l’on peut trouver ou croiser une personne capable de commander un préservatif dans une pharmacie en présence d’autres personnes, façon d’aller dans le sens où s’acheter un préservatif relève des tabous. Tous ces comportements sont liés au SIDA, la maladie sexuellement transmissible la plus cachée et la plus indexée par la vindicte populaire. Cela reste à dire que le tabou de la maladie a engendré un autre tabou, celui de s’offrir un moyen de prévention reconnu mondialement contre les maladies sexuelles que l’on peut chopper même dans un couple légitime. A vrai dire, c’est ce qui fait cette lecture d’un tabou dans une société qui n’a pas tardé à suivre le monde dans le domaine des technologies de la communication, comme la téléphonie mobile ou autres, mais qui reste réservée et encline aux préjugés et aux esprits rétrogrades. «Le scandale n’est pas le fait d’avoir une maladie que personne n’a choisie, mais avoir des barrages et des entraves de quelque nature qu’il soit en matière de prévention de ces maladies est condamnable», jugea un médecin du coin qui dénonce la médiocrité en matière d’éducation sanitaire à tous les niveaux. Education plutôt sexuelle, surtout auprès de nos jeunes ; une éducation qui fera partie de la prévention qui fera la clé de voute de la lutte contre toutes ces maladies. Mais cela reste aussi un autre tabou.

Nadir Touati.

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