Le démarrage des huileries quelques jours après le lancement de la campagne de ramassage d’olives a réveillé le vieux démon des vols de récolte et celui du gain facile chez les délinquants dont le nombre ne cesse d’augmenter d’année en année. Le président du conseil interprofessionnel des oléiculteurs de la wilaya de Bouira et membre du bureau national de la filière oléicole, Hafid Toumi, tire la sonnette d’alarme et dénonce l’anarchie qui règne dans cette filière qui fait vivre des milliers de familles de la région est de Bouira. Notre interlocuteur pointe surtout du doigt les maquignons intermédiaires intervenant dans le créneau vente et achat d’olives qu’il qualifie sans détour de ‘receleurs’. «Ces innombrables intermédiaires qui interviennent dans ce secteur sans autorisations ni registre de commerce ni encore moins une carte de paysans et qui n’ont aucun lien avec le secteur de l’agriculture, n’ont d’yeux que pour les bénéfices substantiels à en tirer. Ils ne se soucient aucunement de la provenance des quantités d’olives que leur ramènent ces voleurs. Ce qui encourage de plus en plus de nouveau délinquants à s’impliquer dans le vol des récoltes en usant bien souvent de procédés criminels», fulmine-t-il, expliquant que “non seulement ils font main basse sur une bonne partie des récoltes, mais aussi détruisent les oliviers en même temps en utilisant des scies à main très efficaces et semblables à d’authentiques tronçonneuses pour couper les branches les plus chargées d’olives et aller cueillir les grains dans des ravins et lieux discrets pour éviter d’être surpris par les propriétaires”. Les olives volées qui passent par ces intermédiaires, atterrissent au niveau des huileries et chacun y trouve son compte en toute impunité, sauf le pauvre paysan qui tient le rôle de dindon de la farce, se désole notre interlocuteur. Certes que les services de l’état ne pourront jamais surveiller toutes les oliveraies, mais ils pourront en réduire les retombées catastrophiques de ce fléau, en mettant fin à l’anarchie qui règne dans cette filière et ce, en imposant soit des autorisations, soit des registres de commerce pour pouvoir contrôler ces maquignons qui ne cessent d’innover pour rafler le maximum d’olives. Ces maquignons s’installent dans des endroits discrets pour sécuriser les voleurs, ou encore opèrent de nuit. On les rencontre à bord de tracteurs agricoles ou de véhicules utilitaires sillonnant les oliveraies pour aller intercepter les voleurs en allant au devant d’eux pour leur acheter le produit de leur rapine. Notre interlocuteur dira qu’une autre façon d’y mettre un terme est la création dans chaque région de lieux indiqués et surveillés (genre foire) qui regrouperont maquignons et intermédiaires en interdisant la commercialisation des olives en dehors de ces lieux réglementés.
Oulaid Soualah.