Les bénéficiaires… mécontents

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La somme allouée par l’État aux bénéficiaires de l’aide à l’habitat rural est estimée par les attributaires «insuffisante pour réaliser un logement».

Portée de 500 000 dinars à 700 000 dinars, il y a une dizaine d’années, elle n’a pas varié depuis, malgré les hausses successives des matériaux de construction et la cherté de la main-d’œuvre. Si les nouveaux bénéficiaires affichent une grande satisfaction en recevant les décisions d’attribution de soixante-dix millions de centimes, ceux qui ont déjà entamé leurs chantiers semblent moins motivés. Vue de loin, la coquette somme reçue par les sans-logements représente «beaucoup d’argent», en ce sens qu’elle leur permet de rêver d’une habitation individuelle. «J’habiterai mon logement d’ici une année», disait un jeune homme vigoureux pour qui cette somme permettra de «fermer» sa maison. Il fera savoir qu’avec ses économies, il a déjà aménagé une plate-forme et réalisé les fondations. : «Je n’ai pas attendu la décision d’attribution pour commencer. Les piliers ont été déjà posés». Ce qui est loin d’être le cas de la plupart des autres auto-constructeurs qui peinent encore à avancer dans les travaux et dont le problème est tout autre : «La première tranche de trente-cinq millions de centimes reçue comme avance est insuffisante pour faire face au terrassement, le mur de soutènement et payer les ouvriers. Or, pour prétendre à la deuxième tranche, les auto-constructeurs doivent d’abord présenter un état d’avancement des travaux conséquent. Avec mon salaire de journalier, il sera difficile d’espérer habiter mon logement d’ici une dizaine d’années, surtout quand je pense au prix de la boiserie, du carrelage et autres», nous confie un manœuvre qui a bénéficié de cette aide il y a deux ans. Ce qui ne l’empêche nullement de prendre la pelle et la pioche et effectuer quelques menues tâches de maçonnerie. Cependant, du côté des autorités, on rappelle à chaque fois aux attributaires qui se plaignent de leurs difficultés que ce n’est pas avec cette somme qu’on peut prétendre terminer la construction d’une maison : «Cela s’appelle une aide», disent-ils aux intéressés qui doivent faire des sacrifices pour apporter le complément. «Des exemples de ceux qui sont arrivés à leurs fins foisonnent», rappelle un maire lors de la dernière distribution des décisions d’attribution d’aides à l’auto-construction. Pour ceux qui s’en contentent, comme un employé de l’administration qui habite une maison mise à sa disposition au village, «il est difficile pour un fonctionnaire ou un journalier d’économiser soixante-dix millions de centimes même s’il thésaurise toute sa vie avec fortes privations. Il faut soixante-dix mois à un bon économe pour mettre de côté cette somme, à raison d’un million par mois. Déjà qu’on arrive difficilement à boucler les fins de mois, les économies, on n’y pense même pas. Mais, lorsqu’on considère que notre vie peut changer avec un logement personnel, on se sent pousser des ailes», dit-il.

A. O. T.

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