Ce n’est que justice rendue en faveur de trois sites culturels et historiques -en attendant d’autres- qui n’avaient rien d’anodin tant ils étaient chargés d’histoire et d’événements. Il s’agit de la maison parentale des Amrouche, où naquirent les illustres lettrés, Jean-El Mouhouv et sa sœur Taos-Marguerite Amrouche, du site archéologique romain Tavlazt situé dans la localité Allaghane près de Tazmalt, et enfin de la zaouia Ouboudaoud sise à Taslent, une bourgade qui surplombe la ville d’Akbou. Les trois sites ont été inscrits, vers la première dizaine du mois de novembre dernier, sur la liste des patrimoines culturels matériels de la wilaya de Béjaïa après la présentation des dossiers qui les mettaient en valeur à la commission de wilaya des biens culturels, sous l’égide du secrétaire général de la wilaya et du directeur de la culture. Les dossiers concernaient: la maison natale des Amrouche, défendu par l’association Jean et Taos Amrouche d’Ighil Ali, le site archéologique de Tavlazt, soutenu par l’association Azday d’Allaghane et la zaouia Ouboudaoud de Taslent plaidé par l’association Gehimab. Après concertations et débats fructueux, lesdits dossiers ont à la fin reçu l’avis favorable de la commission. En conséquence, l’inscription desdits sites sur la liste d’inventaire supplémentaire des biens de la wilaya de Béjaïa a suscité la satisfaction et le soulagement des associations qui ont leurs sites respectifs. Néanmoins, l’aboutissement du classement de la maison natale des Amrouche sur la liste du patrimoine culturel de la wilaya avait un goût particulier tant ce site était au centre d’un litige qui a défrayé la chronique durant des années avec tout un feuilleton judiciaire qui opposait l’association Jean et Taos Amrouche d’Ighil Ali au nouveau propriétaire de la maison des illustres Amrouche. Dans sa décision rendue à ce sujet, et pour mettre fin au conflit entre les deux parties, la commission de wilaya des biens culturels a recommandé que ledit site reste le bien privé de M. Kebir et «que celui-ci doit se conformer aux exigences de l’inscription prononcée conformément à la Loi 98-04 du patrimoine culturel», note la commission. Pour sa part, le site archéologique de Tavlazt, situé au village d’Allaghane, a été classé également bien culturel, après avoir subi des négligences et même des travaux de dénivellement entrepris il y a quelques années par les sociétés réalisatrices de la pénétrante autoroutière Béjaïa-Ahnif. Ce site fut un limes romain, c’est à dire un mur de pierres avec une tour de guets des soldats romains. Aujourd’hui, plusieurs pierres taillées portant des inscriptions en latin ou des motifs gisent éparpillées sur le site carrément délaissées ! Les plus avertis s’interrogent si le site bénéficierait de travaux de fouilles et de reconstitution après son classement comme bien culturel de la wilaya. Enfin, il y a la zaouia Ouboudaoud de Taslent qui a été à son tour classée comme bien culturel. Cette école coranique fondée par le cheikh Ouboudaoud était considérée comme «l’un des centres de diffusion des sciences, de la théologie, de la grammaire, de l’astronomie et de l’arithmétique les plus importants de tout le Pays Zwawa, jusqu’à Constantine à l’Est, Laghouat au Sud et Médéa à l’Ouest» (cf. El Hafnaoui, Ta`rif, 1907).
Syphax Y.

