Durant deux jours, les 15 et 16 décembre derniers, la commune de Chemini a accueilli pour la première fois sur son territoire un séminaire international sur l’agriculture de montagne. Cette manifestation, qui en est à sa 1ère édition, a vu le jour grâce à une initiative conjointe de l’exécutif communal de la localité éponyme, du laboratoire biomathématiques, biophysique, biochimie et de scientométrie (LBBBS) de l’université Abderrahmane Mira de Bgayet et l’appui des services agricoles de la wilaya. Le séminaire a axé sa réflexion sur la thématique des montagnes, une thématique en lien direct avec les objectifs de développement durable, qui se trouve aujourd’hui au cœur de l’intérêt des responsables locaux, un intérêt qui se traduit par des manifestations de haute facture comme celles citées ci-haut. Le terroir, tel qu’entendu, est l’expression d’une société humaine, de son organisation sociale, de ses pratiques, de ses activités et de son histoire. Les terroirs sont appréhendés comme des espaces particuliers au sein desquels certains produits et activités se développent et s’inscrivent dans des cellules locales. Au cours de la première journée, des communications intéressantes sont présentées au grand bonheur de l’assistance. S’inscrivant dans la politique de désenclavement et de valorisation des produits du terroir, ledit séminaire a pu drainer des chercheurs, dont pas moins de 17 communications ont été présentées au large public, venu en masse, notamment les paysans de la région. Une kyrielle de doctorants ont focalisé leurs interventions sur la nécessité de redonner vie aux produits du terroir, une condition sine qua non pour relancer l’économie rurale, de surcroit, en souffrance. «Les produits du terroir : outil du développement de l’agriculture de montagne», telle est la thématique choisie pour le séminaire international de l’agriculture de montagne. En marge du cycle des conférences qu’a abritées la salle des délibérations de l’APC de Chemini, une exposition de produits du terroir s’est tenue sur l’esplanade attenante au siège de ladite mairie. Les Cheminois, comme le reste des habitants des localités voisines ont profité pleinement des conférences qui leur sont proposées, d’autant que ce genre d’événements est une aubaine pour les agriculteurs et autres professionnels du métier. «Nous remercions le laboratoire BBBS de l’université de Béjaïa, à sa tête le brillant professeur, Madani Khoudir et Dr Sabiha Achat, le recteur de l’université, M. Saidani, le P/APW M. Haddadou, les services agricoles, conservateurs des forêts, la délégation de l’université de Moscou (Russie) pour leur participation à cette rencontre qui se veut un atout performant dans l’émancipation de l’agriculture de montagne», nous confie le premier magistrat de la commune, Madjid Ouddak. Les zones rurales, notamment les zones de montagne et de piémonts, ont été de tout temps les lieux géographiques et les lieux symboliques d’une dynamique de développement local favorisant l’existence d’une variété de systèmes et de produits agricoles et agroalimentaires de grande qualité. Ces systèmes et ces produits ont tout d’abord assuré la sécurité alimentaire d’une population, souvent laissée sur le carreau. Toutefois, les habitants de ces contrées ont aussi contribué, tant bien que mal, à faire connaître leurs espaces, leurs savoir-faire et les représentations culturelles et patrimoniales. C’est le cas des produits de terroir comme l’huile d’olive, la figue sèche, la figue de barbarie. Mais, la valorisation des ressources et des produits «spécifiques», ainsi que des atouts locaux doit passer inéluctablement par l’émergence d’initiatives locales, dans le sens de la valorisation des ressources locales ou de la création-développement d’activités économiques locales. Néanmoins, le vecteur principal de la dynamique de développement local a du mal à se construire dans ces zones difficiles à l’image du territoire des Ath Waghlis. Pris en tenaille entre des structures de développement encore faibles et peu performantes d’un côté, et les incohérences de l’environnement institutionnel de l’autre, les acteurs opérant au niveau de ces zones éprouvent des difficultés à mettre en place des organisations professionnelles dynamiques et des stratégies efficaces de sortie de crise, de même les filières de produits de terroir pouvant faire l’objet de labels n’y sont pas encore assez visibles. «Il est nécessaire pour promouvoir les ressources et les produits locaux que les acteurs locaux, notamment les opérateurs des filières de produits de terroir, soient non seulement soutenus, mais appuyés pour organiser et coordonner leurs actions», préconise un des conférenciers. «Il est grand temps que le gouvernement algérien se penche sur ces zones, laissées à leur triste sort. Une politique, appelée par conséquent, à encourager le développement solidaire de la petite agriculture, lequel donne une priorité aux produits de terroirs, comme outils de développement durable des montagnes. Un engagement qui nécessite beaucoup de réflexions sur le «comment» de sa mise en œuvre. La réflexion sur le «vers quoi» et sur le «comment» doit à la fois tirer parti des expériences acquises par d’autres pays et tenir compte des spécificités de chaque région», souligne un autre communiquant. Les produits de terroir peuvent s’avérer ainsi des ressources inouïes pour diversifier l’économie locale et créer de la richesse, à lutter contre la pauvreté et sauver les territoires de la tourmente de l’enclavement et de la marginalisation. Toutefois, les intervenants sont unanimes à dire que la valorisation des produits du terroir passera par la restructuration et la réorganisation des filières, la recherche des débouchés pour les produits via la prospection de marchés porteurs, la labellisation des produits afin de mettre en valeur l’origine et mieux le protéger, et demandera plus qu’une démarche commerciale, mais certainement une approche territoriale globale et articulée.
Bachir Djaider.
