On est passés sous les 83 mds de $

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L’érosion des réserves de change continue, en dépit de la multitude de mesures visant à l’endiguer. La frilosité du prix du baril de pétrole rend toute tentative de renflouer les caisses invraisemblable.

En un mois, les réserves de change ont perdu un peu plus de 2 milliards de dollars, passant de 88,61 milliards de dollars en juin à 86,08 milliards de dollars fin septembre, a déclaré, hier, le Gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Loukal, devant les députés. Mais c’est dans l’espace temps de 11 mois que la chute paraît alarmante, puisque, selon le même interlocuteur, la baisse est estimée à 15 milliards de dollars. La situation est passée de 97,33 milliards de dollars fin 2017, à 82,12 milliards de dollars à fin novembre dernier. Le redressement de la barre, qui s’avère ainsi impossible face au marché pétrolier, risque de voir les réserves de change complètement épuisées dans trois ans au plus tard. L’Algérie ne pourra plus, dès lors, importer au même rythme que ces trois dernières années marquées déjà par une panoplie de restrictions ayant accentué certaines pénuries et difficultés aux entreprises qui recourent à l’importation pour leurs matières premières ou à des équipements de production. Sérieusement malmenée par l’érosion du matelas de la devise, l’Algérie multiplie les initiatives, tant sur le plan régional qu’international, en vue d’arriver à un consensus permettant au marché de l’or noir de reprendre son souffle, bien que cela s’avère de plus en plus difficile à arracher. D’où la décision de recourir au financement non conventionnel, officiellement limité à trois ans, et à l’accélération des réflexions et études pour exploiter les hydrocarbures non conventionnels, comme le gaz de schiste notamment, dont les réserves algériennes sont estimées à une bonne place mondiale. Mais cette ressource ne pourra être exploitée avant une dizaine d’années faute de maitrise suffisante des techniques qui se développent pourtant à grande vitesse aux USA. La planche à billets, qui est venue au secours du Trésor public, dans l’espoir d’atténuer le grignotage effréné des réserves de change, aura, selon toute vraisemblance, atteint son objectif d’arrêter cette hémorragie. Néanmoins, les besoins en liquidités sont de plus en plus importants. Il s’agit notamment de financer un canevas de projets structurants, entamés ou gelés, mais aussi pour les besoins des transferts sociaux sur lesquels la politique sociale du président de la République s’est penchée. 580 milliards de dinars devront être injectés durant l’année 2019 via la planche à billets, contre 1 815 milliards de dinars en 2018. Un somme colossale que seule cette méthode de financement est en mesure de satisfaire non sans enfoncer davantage le pouvoir d’achat des Algériens pris dans la courbe ascendante et difficilement maîtrisable de l’inflation. Quoi que disent les politiques, l’inflation est là et elle grignote dangereusement le pouvoir d’achat. Une réalité rappelée par les institutions financières internationales, après que les avertissements des économistes locaux sur la nécessité de canaliser la production des billets de banque ont été occultés. Qu’à cela ne tienne, les voyants de l’état de santé des finances continuent de clignoter et les déclarations du Gouverneur de la Banque d’Algérie sont là pour rappeler que la crise financière n’est toujours pas résolue.

M. A. T.

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