Un métier en voie de disparition

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Nous l’avons rencontré dernièrement par pur hasard au village de Guendouz, chef-lieu communal d’Aït R’zine, portant un sac où il a mis tous ses outils de travail. Lui, c’est un confectionneur de tamis. Il arpente les ruelles de ce grand village pour réparer et confectionner ces ustensiles traditionnels. Cet artisan, qui gagne sa vie à la sueur de son front, a passé sa vie à rafistoler et à fabriquer des tamis. «Je ne sais rien faire d’autre», dit-il en esquissant un sourire. «Cela fait près de trente ans que je suis dans ce métier», poursuit-il. Notre interlocuteur dit venir de M’sila, là où ce métier se pratique encore en dépit de la modernisation tous azimuts. En Kabylie, cela fait des lustres que cet artisanat a quasiment disparu. Notre vis-à-vis n’est pas passé inaperçu, la nouvelle de sa venue a fait presque le tour du village ! La preuve, un gamin accourrait, un vieux tamis à la main, en cherchant des yeux l’artisan, qui allait prendre congé après avoir fait une tournée à travers le patelin. En dépit du changement du mode de vie, l’utilisation du tamis par la ménagère est toujours d’actualité. Même si les «rouleuses», lesquelles se recrutent en majorité parmi les anciennes générations, sont rares, cet ustensile de cuisine est toujours d’usage, surtout dans le milieu rural, où le couscous demeure le plat préféré des villageois, surtout durant les fêtes de mariage, les offrandes et le jour du nouvel an amazigh, Yennayer. S’il y a lieu de souligner une particularité pour le moins admirable chez «notre» artisan, c’est qu’il utilise de simples outils pour réparer et confectionner les tamis. Avec des outils rudimentaires: des petits clous, des ciseaux et un martelet, il adhère les rubans en bois fin tout en cloutant des treillis découpés soigneusement en cercles sur les rebords. L’homme, avoisinant la soixantaine, exécute sa besogne avec une dextérité qui en dit long sur son expérience dans ce métier artisanal en voie de disparition. Il rafistole les tamis pour 200 DA et vend ceux qu’il confectionne pour 300 DA. Cet artisan ambulant gagne honnêtement sa vie, et en est «tout heureux», dit-il.

Syphax Y.

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