Mammeri est revenu cette semaine à Tizi Ouzou où il a monopolisé pratiquement les activités culturelles de la capitale de la Kabylie. Ce n’est qu’un juste…retour des choses quand on sait qu’il y a vingt-six ans, d’obscurs responsables locaux, du temps du parti unique, lui ont interdit de donner une conférence sur la poésie kabyle ancienne. Et on sait qu’elles ont été les conséquences à l’époque, d’une telle interdiction : grèves, manifestations, émeutes, à l’origine du Printemps berbère qui devait pousser les autorités algériennes à accorder des concessions sur la question, jusque-là taboue de la langue et de la culture berbères. C’est sans le vouloir que Mammeri a déclenché le mouvement, mais si aujourd’hui on se rappelle de lui, on lie son nom au printemps, c’est avant tout, parce qu’il a été l’un de ceux qui ont fait avancer le plus la question, par son enseignement d’abord, ses livres et ses recherches ensuite. Si Mammeri revient cette semaine, s’il revient chaque 20 avril, c’est avant tout pour rappeler que Tamazight est avant tout une entreprise de récupération identitaire et une œuvre culturelle qui se nourrit du génie et du travail des hommes. En 20 ans, Tamazight a enregistré des acquis précieux, dont celui de la reconnaissance comme langue nationale, prélude à une reconnaissance comme langue officielle. Elle est devenue aussi une langue de l’école et de l’université, après avoir été longtemps bannie des circuits de l’enseignement.Beaucoup reste encore à faire : et si Mammeri revient chaque année, c’est aussi un peu pour le rappeler !
S. Aït Larba
