Nos villes croulent sous les ordures

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La quantité de déchets urbains ne cesse d’évoluer sur la base de la quantité produite par habitant et par jour. La moyenne nationale est de 0,80 kg/habitant/jour, alors que dans les grandes villes comme Alger, elle est de 1 kg/hab/jour. La quantité ainsi générée s’élève approximativement à 9 millions de tonnes par an. La fonction assainissement et voirie n’est pas assurée correctement, ce qui implique que la collecte, voire le ramassage, est effectué avec des véhicules vétustes, à partir d’éléments non standardisés, à savoir des niches en béton ou en briques, des conteneurs métalliques… et dans des conditions de programmation peu rigoureuses. L’absence de précollecte de station de transfert dans les grandes agglomérations concourt à la réduction des rotations et de l’efficacité globale de ces activités. On observe également une prise en charge déficiente des déchets, une quasi-absence de décharges contrôlées notamment dans la wilaya de Tizi Ouzou. A signaler que ces dernières n’ont été créées qu’au début de l’année 2002. Jusqu’à une date récente, le choix des sites n’obéissant à aucune étude d’impact sur l’environnement. Les travaux d’aménagement des décharges sont très rarement respectés. Les sites sont exploités d’une manière non appropriée et le gardiennage, lorsqu’il existe, est effectué par des agents non qualifiés. Les surfaces octroyées sont, en règle générale, très insuffisantes avec, pour corollaire la prolifération des dépôts sauvages. Enfin, les déchets toxiques sont souvent déversés dans la nature d’une manière illicite, dans des décharges destinées aux déchets ménagers. Les déchets recyclables estimés à 800 000 tonnes par an ne font pas l’objet d’une action organisée de tri, de conservation et de recyclage. Par l’absence de la réglementation, l’activité est tolérée et alimente un marché financier très important. On assiste depuis quelques années à un intérêt croissant du privé à investir ce créneau, notamment la récupération des déchets en plastique. Par contre, les quelques expériences de compostage se sont vues non-concluantes à Alger, Béni Mered près de Blida en raison de manque de sensibilisation des opérations et aussi des utilisateurs. La gestion non rationnelle s’est traduite par des effets négatifs sur l’environnement et la santé du citoyen. Pollution de la nappe phréatique, émanation des gaz, prolifération des moustiques, rougeurs, animaux errants… impact sur la santé publique et pertes esthétiques du paysage urbain, etc… Pourtant, la loi 01-19 du 12 décembre 2001 relative à la gestion, le contrôle et l’élimination des déchets, la réglementation se réduisant au décret de 1994 — fixant les conditions de nettoiement et traitement des déchets — était plus qu’insuffisant pour encadrer l’ensemble des activités inhérentes à une gestion rationnelle. Sur le plan financier, les budgets alloués par les communes permettaient au mieux à assurer approximativement les activités de collecte et de transport sans aucune autre prestation. La faiblesse des capacités institutionnelles (le taux d’encadrement des communes swest de l’ordre de 5%) est un autre facteur explicatif de l’insuffisance constatée dans la gestion des déchets ménagers. Pour toutes ces raisons, le besoin d’agir était plus qu’urgent.

S. K. S.

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