Programmée puis ajournée à maintes fois pour des raisons techniques, le nouvel album de Hacène Ahrès est (enfin) disponible. Il est, depuis hier, en vente chez tous les disquaires. Hacène qui a choisi le titre de “Amour absolu” (Qim d’ahulfu) revient cette fois-ci avec un produit plein d’émotions et d’amour pour chanter, avec sa voix lisse et délicieuse, la femme, la nostalgie, la Kabylie, la vie et — bien évidemment — l’amour.Après quatre ans d’absence donc, Ahrès nous offre un panachage exquis de rythmes et d’entrains comme ceux qu’il a toujours su faire. Les arrangements sont si bien travaillés que l’auditeur s’emballe dans les mélodies, souvent douces, dès l’écoute de la première chanson.“Anida kem”, le premier titre de l’album, est une émouvante évocation du passé. Hacène y étale tout son talent et son savoir-faire pour réussir une parfaite fusion entre son style à lui et le chaâbi modernisé. Le tout est emballé dans des paroles à vous couper le souffle. Dans “Amour absolu”, Ahrès vous mêne dans une savoureuse romance, douce et très sentimentale, pour chanter l’amour et la femme. Il a joué des mots et de la mélodie comme lui seul peut le faire. “Bghigh kan am inigh” est une sincère complainte. Elle est également la plus fidèle reproduction du style d’Ahrès puisque ce dernier entame sa chanson avec un “istikhbar” bien typique à lui et très identique à ceux qui ont fait le succès de ses précédents produits. Hacène se reconnaît également à lui-même dans “Wissen kem” où la nostalgie d’amour refait encore surface. C’est aussi le même constat artistique que nous faisons pour “Tazmart” (Endurance) qui ne se différencie (légèrement) des autres chansons que par son rythme un peu plus emballé. L’artiste a également joué de ses mots pour établir un constat, que nous jugeons réel mais très mesuré, sur la Kabylie d’aujourd’hui, ses maux et ses aspirations. Une lucide lecture politique du contexte actuel y est également incluse. “Ashisef” est, par ce fait, un récit de désolation que l’artiste a enveloppé dans un style très proche du chaâbi. “Tamedit bw ul” est, quant à elle, une parfaite mélodie jonchée par de sensuels accompagnements de guitare sèche. Hacène a préféré que la dernière composition de l’album soit instrumentale. Il y fait étalage de remarquables dispositions artistiques. A l’arrivée, Ahrès ne fait que vous offrir neuf titres de régal !
Ahmed Benabi