Le rassemblement de la Coordination réprimé

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Il est était midi pile lorsque les représentants des enseignants commençaient à investir les lieux pour observer un rassemblement devant le ministère de l’Education nationale, répondant à l’appel de la Coordination nationale de l’intersyndicale de l’éducation qui a voulu marquer son deuxième jour du débrayage. Ils étaient en tout et pour tout environ 200 personnes, à venir crier leur mécontentement et leur ras-le-bol, à leur tête les porte-parole des quatre syndicats constituant la composante de la dite coordination, à savoir le CLA, le CNAPEST, le SATEF et le SETE-Béjaïa. Un des protestataires nous fait savoir que plus d’une centaine d’enseignants se sont déplacés de Bejaia pour exprimer leur solidarité et également leur mobilisation autour d’une plate-forme unanime qui s’articule autour de trois points cardinaux, à savoir la revalorisation des salaires, la révision du statut et la retraite après 25 ans de service. Mais à leur grand dam, les forces publiques les attendaient. Ces derniers, usant même de la force, ont sommé les protestataires de se disperser et de quitter les lieux dans le calme, mais vainement. Déterminés et obstinés à faire entendre leurs voix, les représentants de la coordination ont fait la sourde oreille à la demande des forces publiques, scandant des slogans hostiles à leur tutelle, tels : “Y en a mare de ce pouvoir et halte à la misère et la répression » et “Nous voulons notre part du Trésor public ». Ces réclamations n’ont duré que peu de temps. Et pour cause : l’intervention de la prigade anti-émeutes. Celle-ci a aussitôt embarqué un des leaders de la protestation, à savoir Redouane Osmane du Cla et trois autres enseignants et confisqué les banderoles déployées par les protestataires. Exaspérés, ces derniers ont exigé la libération de leurs confrères. Mais vu l’insistance des forces publiques, dont la présence était considérable, le rassemblement s’est transformé en une marche. Les protestataires bousculés ont pu marcher, tout en scandant leur slogans, sur plus de 100 m, tout en insistant sur la libération des personnes interpellées. Un des journalistes en couverture a été lui aussi embarqué et n’a été libéré qu’après l’intervention de ses confrères. Ne voulant rien comprendre, les protestataires décident de ne pas partir. « Nous ne partirons pas avant de voir nos collègues », lancent-ils à l’adresse des policiers. Ce qui a obligé ces derniers à enclencher des négociations avec les représentants de la coordination. « Nous libérons Osmane à condition de nous promettre de partir et de ne pas le laisser faire de tapage », lance un des policiers en civil. Chose promise chose due.

« Nous ne voulons pas de la tripartite »Lors du point de presse animé à 14 h au siège national du FFS, la coordination s’est dite confortée par la mobilisation massive des enseignants et souligne que « malgré la répression, nous avons marqué l’événement ». Alors que le ministère avance un taux de suivi de 7%, la coordination, outrée, souligne que le ministère « croit à ses rêves », soulignant au passage que les lycées ont été paralysés à hauteur de 80%, les CEM et le primaire entre 30 et 60%. La coordination refuse catégoriquement le fait que la revendication salariale soit traitée dans le cadre de la tripartite. Elle exige, en revanche, de la prendre en charge par le secteur. « Notre seul patron c’est l’Etat », lance un des intervenants avant d’ajouter : « si l’on se réfère aux déclarations du chef du gouvernement qui lie l’augmentation des salaires à la croissance économique, nous lui dirons que celle-ci a connu une nette augmentation, pourquoi pas les salaires ». La coordination prévoit de tenir la semaine prochaine une rencontre afin d’évaluer leur mouvement de protestation et de décider des suites à donner à leur action.

Wassila Ould Hamouda

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