Le calice jusqu’à la lie

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Doucement mais sûrement, le cercle des camés s’élargit dangereusement à Bgayet. C’est que, pour une cohorte d’ados et de moins jeunes, la drogue tient lieu d’éxutoire au mal-vivre. Désillusionnés et revenus de tout, par la faute d’un chômage trop pesant, d’un vécu traumatisant et de tant d’autres facteurs, ces infortunés finissent immanquablement par s’enliser dans la spirale destructrice de la toxicomanie.Aussi, l’appétence à la drogue traduit-elle souvent un trouble profond de l’équilibre affectif. « Il est vrai que des facteurs multiples interviennent pour fragiliser l’individu, mais les causes profondes sont à rechercher dans un déséquilibre intime de la personnalité du sujet », nous explique un psychiatre privé établi à Akbou. La drogue est alors une forme de compensation, un refuge dans un monde morbide de plaisir.Chez certains névrosés et déprimés chroniques, la tentation perverse de prise de toxiques est « un instinct incoercible résultant du besoin inconscient de combler une carence affective », ajoute le médecin.Prises par voie orale ou parentérale, ces substances douées d’effets toniques, euphorisants, excitants ou sédatifs, finissent toujours par assujettir le consommateur. Mais quand on a un souvenir à évoquer, une douleur à noyer, qu’importe le calice, pourvu qu’on ait l’ivresse. Une interminable réanimation provisoire qui propulse tout droit dans les abysses de l’avilissement et de la déchéance sociale.A côté des drogues connues telles que les stupéfiants naturels (kif, cocaïne) et leurs dérivés médicamenteux, en passant par les barbituriques et autres tranquillisants, les drogués ne cessent d’innover. La colle snifée et le zambreto (alcool coupé de limonade) semblent être des erzats de prédilection quand les drogues ordinaires ne sont pas disponibles. Parfois, c’est le snobisme qui pousse à la recherche malsaine de plaisirs insolites. Ainsi en est-il d’une étrange mixture dénommée « vodka locale », un mélange d’alcool chirurgical et de sirop de banane.Un succédané de drogue qui, parait-il a ses adeptes.Le recours à ce breuvage serait dicté par la difficulté de s’attacher les « services » de quelque médecin complaisant, d’un pharmacien véreux ou quand le « joint » est devenu hors de prise.Abordant les thérapies pouvant aider le toxicomane à renoncer à la prise de drogue, notre interlocuteur praticien préconise des cures de désintoxication accompagnées d’une psychothérapie d’appoint. Mais « les résultats sont souvent décevants et les rechutes ne sont hélas, pas rares », tempère-t-il.Il évoque la difficulté du suivi médical, l’entourage familial souvent très peu coopératif, des sujets réfractaires à tout traitement.

Nacer Maouche

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