“Revenez dans… six ans”

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Au centre-ville et dans plusieurs quartiers de Bouira, des immeubles d’habitations ont été érigés et finalisés depuis des années. Au Sud, à l’Ouest et au Nord de la ville du côté de l’ex-Hôtel Nassim, devenu incongrument une résidence d’accueil pour les délégations officielles, des bâtiments sont livrés à la dégradation et aux aléas des intempéries au moment où des citoyens continuent à vivre dans des trous à rats et les prétendants à un logement décent se comptent par milliers. Il y a quelques mois, les autorités concernées ont mis en vente une partie de ce patrimoine dormant, le reste est toujours là, il attend d’être attribué ou vendu à son tour mais cela risque de prendre encore du temps. Les demandeurs de logements et ceux qui attendent depuis des lustres d’être enfin logés peuvent toujours patienter. Cela dit, il faut bien rappeler qu’à Bouira, ce n’est pas tous les jours qu’on convoque des citoyens pour leur faire bénéficier un toit, si exigu soit-il. En effet, l’avant-dernière attribution de logements remonte à l’année 2000 et la dernière date à peine de quelques semaines. Cette fois-ci, la commission de daïra a procédé à la distribution de 262 logements sociaux et les heureux bénéficiaires ont dû donc attendre plus de cinq années pour que leur rêve devienne réalité. Quant aux futurs bénéficiaires, ils ont maintenant une idée sur le temps que va durer leur attente et savent approximativement en quelle année ils seront portés sur la liste des bénéficiaires de logements, si jamais il y aura d’ici là et toujours une commission chargée de loger les pauvres malheureux et les éternels demandeurs de toits. Cette lenteur administrative qui affecte d’une façon inconcevable les opérations de distribution de logements sociaux à Bouira ne cesse, malheureusement, de creuser le fossé déjà trop profond existant entre l’offre et la demande en la matière. Le déficit est important et son poids qui augmente crescendo n’a aucune raison d’amorcer une descente. D’autant plus que même les salariés moyens au même titre que les pauvres citoyens, ne peuvent prétendre à l’achat d’un logement coûtant actuellement entre 250 et 300 millions de centimes pour un F3. Le logement social participatif (LSP) destiné initialement à cette couche moyenne coûte à présent plus cher chez les entrepreneurs privés et son acquisition tourne autour de 180 à 200 millions de centimes pour un F3 de petite superficie. Certains sites bien situés sont plus convoités que d’autres et pour pouvoir acquérir un logement dans ces lieux coûte davantage d’argent et exige même une certaine connaissance pour être accepté. Et c’est ainsi que même le LSP ne devient plus la chasse gardée des salariés moyens tant qu’il est convoité par les spéculateurs et les commerçants de l’immobilier qui possèdent et les moyens et les passe-droits pour acquérir, acheter et revendre après à des prix forts ce qui est légalement et initialement consacré à des salariés aux revenus moyens. Ces derniers, qui n’ont aucun droit de figurer sur la liste des bénéficiaires de logements sociaux, n’ont également aucune chance de pouvoir acquérir un jour un logis dans le cadre du LSP. Les entrepreneurs, qui réalisent ce genre de programme, exigent de leurs clients un versement préalable de 30% du coût global du logement à acquérir. Et c’est de cette façon qu’ils arrivent sans trop de peine à écarter les salariés gênants (incapables de débourser d’un trait 50 ou 60 millions de centimes) pour dévier leur projet et faire bénéficier ceux qui ont assez d’argent pour financer la réalisation et… suffisamment de rentrées pour “la mise à niveau” de la paperasse qu’il faut.

Anis S.

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