Le retour en force des charlatans

Partager

Les sorciers, les exorcistes et les guérisseurs de toutes sortes ont toujours existé en Kabylie et, il faut le dire depuis très longtemps. Qu’il s’agisse de jeter un charme, “d’expulser » un démon ou de guérir une maladie, des gens se sont toujours adressés à ce genre de personnage. Mais on a cru, depuis quelques décennies, que le recours aux charlatans a sensiblement baissé, avec l’avancement de l’instruction, les progrès de la médecine et l’évolution des mentalités. Il n’en est rien, puisqu’on continue à recourir à l’aide des sorciers et des guérisseurs et le plus étonnant est que les clients des charlatans ne se recrutent plus uniquement dans les couches populaires mais aussi parmi les gens instruits ! Telle enseignante se fait confectionner des charmes pour s’attirer l’amour d’un collègue, tel ingénieur se croit victime d’un djinn malfaisant qui l’empêche d’évoluer, tel cadre supérieur croit aux vertus des plantes médicinales pour guérir une maladie dont il souffre et décide de ne plus prendre les médicaments que le médecin lui a prescrits, quant aux médecins qui pratiquent la « rokia la thérapie » par versets de Coran et formules religieuses, ils commencent à faire parler d’eux… Poussée d’irrationalisme mais aussi fort retour des charlatans qui savent-souvent mieux que les psychologues et les médecins- écouter les patients et les rassurer… afin de mieux leur soutirer leur argent. La peur de l’avenir, l’angoisse et la solitude justifient en grande partie le recours au charlatanisme. Il y a aussi la paupénsation de plus en plus de couches de la population qui recourent, notamment dans le domaine des soins, à des remèdes beaucoup moins chers que les médicaments.

S. Aït Larba

Partager