A la recherche de la fiancée idéale

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(2e partie)

– Quand je lui ai dit : « D’achou garen ouathmathen is ? (Que disent ses frères ?).Elle m’a répondu : – Rouhen ad’ outhen ou ad’tsouthen ! Ce qui veut dire qu’ils étaient en train de jouer avec leurs camarades et qu’il se peut qu’ils reviennent avec des bobos ou feront des bobos aux autres.- Maintenant tout est clair dans ma pauvre tête, merci de m’avoir expliqué ce qui était flou et ambigu dans mon esprit.- Je te remercie aussi, c’est cette fille qu’il faut à mon fils (i Moh’and inou). Dis-moi où elle habite et j’irai voir son père incognito. Muni de tous les renseignements nécessaires, il attend le père de la fille le jour du marché. Dès qu’il le voit, il le suit sur le chemin du retour. Quand il juge le moment opportun, il presse le pas et aborde l’inconnu.Ils se saluent, font connaissance et entament aussitôt la conversation. Après avoir parlé de la pluie, du beau temps et de la cherté des prix, le père de Moh’and dit au père de la fille ébahi :Nevd’a anâgouBib iyi negh ak bibagh !(On commence à se fatiguer, porte-moi sur ton dos ou laisse-moi te porter !).Le père de la fille refuse d’obtempérer. Ils continuent leur chemin silencieux. A un certain moment le père de Moh’and lui dit :- Iqsah’ it’ij assagiVghigh ad aghagh thili(Le soleil tape dure aujourd’hui, je veux m’acheter de l’ombre, peut-tu me l’acheter ?). – Oui, donne-moi l’argent qu’il faut.Voyant un groupe de personnes, le père de la fille s’avance vers eux et leur demande qu’il veut acheter de l’ombre.On le regarde avec des yeux écarquillés et on se moque de lui. On le traite de simple d’esprit sans rien lui expliquer.Le père de Moh’and qui se tenait à l’écart rit sous cape. Dès que le père de la fille arrive près de lui, il lui dit de nouveau : – Avec l’argent que je t’ai remis, tu dois m’acheter un « bouzelouf » (tête de mouton) sans rien dépenser.Il s’exécute et se heurte aux sarcasmes « Ni g’ezaren » (des bouchers).Comme il était midi et que le père de la fille était arrivé chez lui, il invite par courtoisie le père de Moh’and à déjeuner.Comme il n’y avait que de la galette et des figues à manger, un coq est immédiatement égorgé. Quand le couscous roulé est prêt à être servi, par respect, on invite l’hôte à se servir le premier. On lui dit même de distribuer les parts à tous les membres de la famille. Il s’exécute de bonne grâce. Il partage le coq en sept parts, quand il termine, il offre au père « agarrouï d’ouânqiq » (la tête et le cou) et lui dit :- Je te remets ceci en qualité de chef de famille.Aux deux filles il remet « thafriouine » (les deux ailes) et leur dit :- Ceci est pour vous, car vous n’allez pas rester tout le temps à la maison, vous allez vous envoler d’ici le jour ou vous vous marierez.Aux deux garçons il offre « thimeçdhathine » (les deux cuisses) et leur dit :- Qu’en ces temps farouches où la chasse était la principale activité couplée aux travaux des champs, il vous faut de solides jarrets.A la femme, il remet « thazag’ourth » (le croupion) car la maîtresse de maison est tout le temps assise en train de moudre, de pétrir ou de tisser.Pour lui, il se réserve « thad’marth » ( la poitrine) car c’est l’hôte et, l’hôte a droit à tous les égards, même de manger les meilleurs morceaux.

Lounès Benrejdal ( à suivre)

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