La masse salariale a diminué de beaucoup par rapport au Produit intérieur brut (PIB), depuis une dizaine d’années ». C’est une estimation qui émane de Omar Ramdane, président du Forum des chefs d’entreprises (FCE), qui s’exprimait hier sur les ondes de la Chaîne III, dans l’émission « Question de l’heure ». Chiffres à l’appui, le patron du FCE a expliqué l’érosion du pouvoir d’achat des algériens, qui reste, soutient-il, en déça de celui des pays voisins : il est d’un indice de 112 en Algérie contre 140 en Tunisie et 160 au Maroc. La masse salariale représente actuellement, indique-t-il, 20,5% du PIB. L’orateur a profité de l’occasion pour réitérer la position du Forum sur la question des salaires, qui occupe actuellement le devant de la scène économique et sociale. « Le FCE est pour une l’augmentation des salaires. Cependant, pour nous il s’agit d’intervenir sur plusieurs facteurs, tels que la réduction de la taxe à la consommation de 10 au lieu de 17%, et l’augmentation du pouvoir d’achat… », a-t-il déclaré. Pour Omar Ramdane l’augmentation du pouvoir d’achat passe inéluctablement par la distribution de la richesse. Le président du FCE soulignera que le SNMG c’est l’Etat qui doit le fixer. En revanche, poursuit-il, « les salaires est une question qui doit être discutée entre les entreprises et les branches d’activités ». Par ailleurs, l’intervenant affirmera que le code des investissements en vigueur actuellement n’accorde aucun avantage après le démarrage de l’activité. « Il est désavantageux et en retrait par rapport à celui de 1993 », constate-t-il. Il faut selon lui, au moins réduire les impôts que payent les entreprises comme l’IBS, impôt dont s’acquittent, selon lui, quelques 2 000 sociétés. Mais, déplore-t-il, « on ne dit pas combien d’entreprises n’honorent pas cet engagement, car 40 à 50% des activités économiques échappent aux impôts ». « L’économie informelle est en train d’aspirer l’économie officielle », martèle le président du FCE. Invité à s’exprimer sur le dossier de la privatisation, l’orateur indiquera que 70% des reprises ont été effectuées par des nationaux. Un chiffre, assure-t-il, qui pourrait être plus élevé, si l’on introduisait plus de souplesse et de faciliter dans les démarches d’acquisitions. Un processus qui a été émaillé, à ses yeux, par des hésitations et des changements dans sa gestion, chose qui l’a retardé. Cependant, Omar Ramdane trouve qu’il y a « trop d’entreprises proposées en même temps ». « Il y a une cécité totale dans le gestion du dossier du foncier industriel dans le cadre de la privatisation », souligne l’orateur, qui ajoutera qu’il n’ y pas de déficit de foncier en Algérie. Le FCE a émis certaines propositions sur ce dossier, consistant à implanter des zones industrielles autour de l’axe de l’autoroute Est-Ouest, et de confier leur gestion aux Chambres de commerces régionales. Des propositions que réitère à chaque occasion l’association patronale depuis 3 ans, et « laisser de côté les solutions irréalisables ». Le patron du FCE affirmera, par ailleurs, que les entreprises ont souffert de la politique régionale, inadaptés selon lui à toutes les activités économiques des opérateurs. « Il faudrait moduler les avantages en fonction de certaines conditions. Il faut également mettre les moyens pour que cela réussisse », soutient-il. Revenant sur la récente visite du Medef à Alger dans le but d’explorer les possibilités d’investissement, le président du FCE est convaincu qu’il subsiste des « prémices pour davantage d’investissement français en Algérie ». « Pour que le marché soit plus attractif pour les étrangers, il faut qu’il le soit déjà pour les nationaux », estime-il. L’intervenant reste cependant confiant que les conditions iront en s’améliorant et que la confiance des étrangers va de mieux en mieux. Aux yeux de Omar Ramdane, le manque d’obligation d’investir en Algérie, et les largesses accordées freinent considérablement la venue des investisseurs étrangers. « Les Français sont en train de perdre leurs parts de marché en Algérie au profit des Asiatiques et ils le savent. Peut-être que cette situation les inciterait à venir en force chez nous « , a-t-il fait remarquer. D’autre part, l’invité de la radio soulignera l’intérêt que suscite le marché national aux yeux des opérateurs arabes, avec notamment la dernière visite d’une délégation d’hommes d’affaires émiratis à Alger. « Ne restons pas les yeux rivés sur la rive nord de la Méditerranée, mais regardons vers les pays du Moyen-Orient », préconise le président du FCE. Ce dernier parlera également d’une visite des membres du Forum vers cette région du monde, dans l’objectif de plaider la cause de l’Algérie auprès des investisseurs arabes. Des secteurs d’activités susceptibles de susciter l’intérêt ont été identifiés à cet effet : le tourisme, l’agriculture, la santé, les transports, les banques et les assurances et les travaux publics.
Elias Ben
