Des modalités qui posent problème

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Depuis 2002, la wilaya de Bouira a bénéficié de deux programmes d’habitat rural qui totalisent quelque 10 000 unités. La première tranche, soit 2900 unités, sera achevée normalement dans quelques mois, d’après le wali, qui a eu à intervenir sur ce sujet lors de la dernière session de l’Assemblée populaire de la wilaya tenue au milieu du mois d’avril. La deuxième tranche a atteint aussi sa vitesse de croisière en matière de montage de dossiers et d’identification des bénéficiaires. Les quatre coins de la wilaya son pratiquement touchés par cette formule qui cible exclusivement les bourgades et les hameaux classés “ruraux”. A ces ménages qui ne peuvent bénéficier de logements sociaux ou conduits sous une autre formule dans les chefs-lieux de commune ou de daïra, l’Etat propose une aide de 500 000 dinars pour la construction d’une habitation décente dans le milieu où il vivent. Il faut rappeler ici que les opérations restauration et extension, qui existaient dans l’ancien dispositif, ont été supprimées par le ministère de l’Habitat.Cependant, l’accès à une bâtisse rurale réalisée avec le soutien des pouvoirs publics ne va pas sans quelques grincements de dents des bénéficiaires. Les débats ayant eu lieu à l’APW ont tourné justement autour de quelques points de frictions entre les concernés, représentés par les élus, et l’administration, représentée par l’ensemble de l’exécutif et le wali.Le premier accroc semble être cette fameuse contribution appelée “apport personnel ou initial” par laquelle le bénéficiaire doit engager les travaux pour qu’il se voie accorder le soutien de l’Etat. Les concernés se disent majoritairement démunis pour pouvoir entamer les travaux de construction. Pour d’autres, se pose le problème des actes de propriété sans lesquels le permis de construire ne peut être délivré. Dans ce sens, le wali a rappelé que les présidents d’APC sont instruits pour établir de simples certificats de possession pour les candidats au logement rural. Mais d’autres problèmes d’héritage, d’opposition et d’indivision ne manquent pas de surgir de temps en temps.Il a été ensuite soulevé le cas des indus-occupants des EAC. La vocation des terres sur lesquelles ils élisent domicile pose réellement problème. Les deux alternatives dégagées se résument en une dérogation du ministère de l’Agriculture pour des constructions sur le site ou, le cas échéant, la délocalisation du projet de construction sur d’autres terrains en vue d’y établir l’habitat rural groupé.De même, les citoyens habitant les anciens camps de regroupement établis par les autorités militaires françaises pendant la guerre de Libération sont confrontés à l’épineux problème de l’apport initial. Certains avouent ne pas pouvoir faire le premier pas. Des élus de la wilaya ont proposé d’aider cette catégorie, du moins les plus pauvres d’entre eux, avec le budget de la wilaya pour lancer la première tranche de la construction.Mais la question qui n’a pas cessé de soulever des vagues c’est bien celle relative à l’obligation de poser une toiture en tuiles sur la maison construite. Au cours de nos déplacements dans les hameaux concernés par ce programme, des bénéficiaires ne cessent de dénoncer cette “modalité technique” imposée par l’administration. Eux, il cherchent à poser une dalle en béton dans l’espoir de pouvoir, un jour, élever un second, voire un troisième étage. Certains responsables invoquent un souci esthétique : faire épouser à la bâtisse de décor ambiant de la campagne. D’autres s’inquiètent de l’aide apportée à des ménages qui, apparemment, ne seraient pas dans le besoin puisqu’ils rejettent de réaliser des extensions verticales très coûteuses. Un véritable dilemme.En tout cas, malgré ces petits accrocs, le programme d’habitat rural est bien accueilli par le monde de la campagne. Pour la première fois depuis l’Indépendance, un programme de construction de très grande consistance tente de toucher les coins les plus reculés de la wilaya de Bouira.

Amar Naït Messaoud

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