Les non-voyants espèrent mieux

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Le local de l’association des aveugles, section de Larbaâ Nath Irathen est très vaste. Une seule partie, divisée en deux bureaux, est actuellement utilisée pour la réception et le secrétariat. M. Louni, président de la section, s’il est satisfait des dimensions du local, l’est beaucoup moins du sort des non-voyants. “En plus de notre handicap, dit-il, qui se distingue cruellement des autres du fait qu’il touche le sens le plus important les privant de la perception du monde et de ses beautés, s’ajoute l’indifférence, à la limite du mépris, des autorités. Un aveugle perçoit une indemnité de 1000 DA, qui lui est d’ailleurs supprimée si concomitamment il bénéficie un jour d’une autre source de revenu. Que peut-on faire avec 1000 DA, dit-il, n’est ce pas du mépris ?” “Les aveugles ne veulent pas de charité mais des emplois” dit-il. “Pourquoi ne réserve-t-on pas des postes spécifiques, comme standardistes, à cette frange de la population ?” Ajoute-t-il. En effet la daïra de Larbaâ Nath Irathen compte 196 aveugles dont 132 à Larbaâ Nath Irathen, 53 à Irdjen, et 11 à Ait Aggouacha. Sur ces trois communes, aucun non-voyant n’occupe un poste spécifique : Deux seulement sont employés dans la commune voisine. Aït Oumalou. Pour situer l’étendue du problème, il faut savoir qu’au niveau de toute la wilaya, seulement 14 non-voyants ont bénéficié d’un emploi. Beaucoup de non-voyants, dûment diplômés, sont laissés en marge d’une société, qui ne semble pas s’accommoder des personnes désavantagées par la nature. Pour revenir à la section de Larbaâ, M. Louni ambitionne la création d’activités générant des ressources financières. L’association voudrait, avec l’aide du ministère de la Solidarité, créer un cybercafé par exemple, dans la partie restée libre du local. Il insiste aussi sur l’insuffisance des fonds reçus, se résumant à la subvention de 100 000 DA versée par la commune domiciliatrice et les dons des bienfaiteurs qui atteignent à peu près 50 000 DA. Il est regrettable que les autres communes de la daïra ne prodiguent aucune aide financière. L’association réalise des actions multiformes en direction des non-voyants : aide alimentaire pendant le Ramadan, distribution de vêtements aux enfants des non-voyants à l’occasion des fêtes, don de trousseaux scolaires…c’est dire que la section ne manque pas de dynamisme en dépit de la faiblesse de ses ressources. Pendant que l’on discutait, trois jeunes hommes souriants font irruption au siège de la section pour saluer M. Louni. Ils sont tous trois des enfants de non-voyants et c’est la section qui a fait les démarches pour les faire inscrire au centre d’apprentissage d’Ait Aggouacha où ils apprennent un métier, geste magnanime de gens qui à défaut de voir l’éclat du jour sont emplis de toute la lumière du cœur.

M. Amarouche

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