C’est dans la collection “Présence Berbère”, dirigée par Larbi Rabdi, que cet ouvrage est publié par l’Harmattan. Il s’agit surtout d’une mise à jour de l’ouvrage déjà publié en 1990 chez le même éditeur, sous le titre Timsal, Enigmes berbères de Kabylie. L’auteur estime que cette mise à jour s’imposait notamment pour «corriger les moyens artisanaux ainsi que les manquements au système de transcription kabyle de la première version». L’auteur souhaite également voir son ouvrage servir aux enfants kabyles qui désirent apprendre la langue de leurs ancêtres. L’ouvrage de 372 pages comprend une introduction dans laquelle l’auteur dit combien l’énigme est importante notamment dans l’éducation des enfants. L’énigme, disait sa mère, ouvre le cerveau de l’enfant. Elle lui permet de s’exprimer en plaisantant même lorsque les choses évoquées sont pénibles pour lui. Pour l’auteur, l’énigme instruit autant qu’elle divertit. Au delà de son intérêt scientifique, le travail de Youcef Allioui se veut un apport et une contribution à la sauvegarde du patrimoine littéraire berbère qui est un champ inépuisable. Dans son introduction, l’auteur nous dit comment lui est venu l’idée de recueillir des énigmes (ou devinettes) et la manière dont il a procédé. C’est en 1966 qu’il a commencé à recueillir ses premières énigmes. En 1968, il procède à une collecte systématique. Mais c’est lors des 26 mois du corvée de service militaire que Youcef Allioui a écrit le plus : il a ainsi recueilli 3500 énigmes, 4000 proverbes et 500 poèmes anciens.Il donne l’explication des 15 termes qui signifient «énigme» avant de donner les deux principales raisons qui lui ont dicté l’usage du terme «énigme» pour désigner le genre littéraire dont il est question dans son ouvrage. L’auteur estime que l’école doit reprendre les jeux des énigmes. Il pense que l’école peut s’en servir comme outils pédagogiques, notamment dans le domaine des activités de raisonnement logiques en adaptant, renforçant et actualisant les règles du jeu des énigmes.Youcef Allioui décrit le déroulement du jeu des énigmes en Kabylie ainsi que les différentes manières, dont se jouent les énigmes. L’auteur a classé les énigmes en cinq chapitres ; chacun est relatif à un domaine déterminé : le monde physique, le monde végétal, le monde animal, le monde humain, la maison, les travaux des champs et enfin le domaine des métiers, des armes, la guerre et la chasse ; l’étude et les loisirs. Il consacre un autre chapitre (chapitre 8) à la joute oratoire dite «Timsal» dont le fonctionnement du jeu ressemble beaucoup à celui des énigmes, ce qui explique l’inclusion de ce genre dans cet ouvrage. L’introduction en français est suivie d’une autre en kabyle, tazwart dans laquelle l’auteur reprend l’essentiel des points traités dans l’introduction française. L’ouvrage contient 692 énigmes traduites et commentées, réparties sur sept chapitres.Un chapitre est consacré à la joute oratoire “Timsal et Izlan”. Après une brève introduction, sont listées, dans le même principe que les énigmes (traduction et commentaires), 15 joutes oratoires. Un tableau, qui présente le système de transcription utilisé dans l’ouvrage, est donné en fin d’ouvrage suivi d’une note qui explique comment parlent les Kabyles.
T.F.R