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Les filles redoutent le bac sportif

A l’instar de leurs camarades des classes terminales, à l’échelle nationale, les 240 candidats au bac à Béni Maouche s’apprêtent à passer les épreuves sportives dans la matinée de ce samedi, sur le terrain du stade municipal. Approchés par nos soins pour avoir leurs impressions, les deux professeurs de sport exerçant au sein de l’unique lycée de la commune ne cachent pas leur appréhension du moment que leurs élèves ne se sont pas préparés en conséquence. En effet, privés de sport en première année en raison du refus de la tutelle d’affecter un deuxième enseignant, les élèves se sont retrouvés, les deux années suivantes, confrontés au problème de l’inexistence d’un terrain pour les sports collectifs au sein de l’établissement et de l’indisponibilité de l’infrastructure pour la pratique des sports individuels (sautoir, salle, parcours…).Ce sont donc les raisons qui feront que les élèves de Béni Maouche passeront leur bac dans un triste état d’âme. Habitués, en effet, à trottiner sur le bitume mal entretenu de l’étroite cour du lycée, ces candidats au bac sportif sont appelés à évoluer sur un stade communal aussi long que large et dépourvu de tout repère.Mais, si cette épreuve est en soi une corvée pour tous les élèves, qui ont souffert du manque d’exercice et de préparation, elle l’est encore plus pour les filles pour le sport et plus un supplice qu’une activité d’épanouissement, quand on sait que la majorité d’entre elles n’ont jamais foulé le terrain où elles subiront les épreuves officielles de cet examen national, contrairement aux garçons qui s’y rendent de temps à autres pour de longues parties de ballon.C’est dans ce sens que leurs enseignants, désemparés, nous ont avoué que “rares sont celles qui peuvent boucler les 600 mètres prévus dans l’épreuve de l’endurance et celles qui arrivent à faire un saut de deux mètres en saut en longueur”. La raison est que “la tendance est qu’on ne doit pas obliger une fille à faire du sport si, par pudeur ou timidité, elle refuse de s’exposer aux regards de la gent masculine entourant la cour au moment de la séance hebdomadaire d’éducation physique !”. Triste aberration tout de même !Interrogées pour connaître leur opinion, la majorité des 170 candidates avancent que ce bac sportif est “vraiment peu probant, voire même désavantageant à plus d’un titre”. Certaines redoutent même la note catastrophique qui aura raison de leur moyenne à l’épreuve finale.Rien n’empêche que nous n’avons pas manqué de leur souhaiter beaucoup de courage et une réussite synonyme d’accès à l’université même si l’on sait que dans les conditions qui leurs sont offertes, on se demande vraiment à quel type de performances on peut s’attendre. Bonne chance quand-même !

A. M. A.

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