Un village et une zaouia à sauvegarder

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A travers ces opérations la direction effectue le classement de sites choisis après étude, qui est une mesure de protection définitive. Une fois classée par le comité de wilaya, le dossier sera transmis à la commission nationale, siégeant eu ministère de la culture, qui en fera à son tour l’étude et son classement en tant que patrimoine national. La première halte a eu lieu à la Zaouïa de Sidi Ali Moussa à Souk El Thenine, fondée au 14e siècle par le cheikh Mhamed ben Youcef, qui est venu du Sahara occidental pour propager l’enseignement religieux, durant le règne de la dynastie marabout. Sidi Ali Moussa était parmi l’un des disciples les plus dévoués et doués à l’enseignement, ce qui lui a permis d’avoir un traitement distingué et le respect des chouyoukhs.Taleb Arezki, membre du conseil de la Zaouïa dira qu’on raconte que le disciple Sidi Ali Moussa a réalisé des miracles. «Voulant faire l’ablution pour prier en l’absence d’eau il a frappé trois fois sur le sol. D’un seul coup une source d’eau surgit des entrailles de la terre.» L’endroit évoqué par l’orateur porte toujours le nom de cheikh «la source de Sidi Ali Moussa», très vénérée par la population locale.Juste après la mort du premier fondateur de la Zaouia, Sidi Ali Moussa a été élu pour prendre les destinées de la zaouïa en qualité de «Mokdem».Les règles internes de l’organisation adoptée appelée «El Ribbat», issue de l’enseignement des Marabouts, n’ont connu aucun changement.L’accès à cette école coranique s’effectue par le chemin communal partant de Souk El Thenine vers le village Berkouka, propriété collective des Izaouiyene, descendants de Mhamed Ben Youcef, qui assure de père en fils la continuité de l’œuvre.L’ensemble des compartiments qui compose la Zaouia sont l’ancienne Koubba, la nouvelle Koubba, la mosquée, la nouala, la maison des «Toumis», les deux cours,inférieure et supérieure et les alentours. Les nouvelles constructions sont bâties sur le noyau initial qui forme l’ancienne Koubba et le refuge de méditation du Cheikh. Ce dernier constitue un élément important de la Zaouia.L’ancienne bâtisse a été bombardée par l’aviation française en 1952, lors d’un raid aérien sur la région.Les sources de financement pour assurer le fonctionnement de ce lieu sont issues des quêtes et des bénéfices des récoltes. Les Izaouiyene cèdent leurs terres aux particuliers qui les exploitent en échange d’un cinquième de la récolte. Actuellement l’école coranique, qui dispose d’un internat, prodigue des cours pour une vingtaine d’élèves. Au village traditionnel d’Ath El KaidPerché sur un monticule de 617 mètres d’altitude tel une tour de guet au pied de la montagne, le village d’Ath El Kaid est un véritable joyau historique. Son architecture très différente des autres villages, ne trompe probablement pas l’esprit de rébellion et de solidarité qui a caractérisé la population au 18ème siècle pendant l’occupation ottomane. Il se distingue par un ensemble de particularités tant sur le plan architectural que social. Un pâté de maisons collées les unes aux autres illustre que les populations voulaient lancer un message aux turcs : les villageois se serrent les coudes. L’alignement des maisons renseigne par contre sur un souci d’égalité entre les villageois. Par ailleurs, le choix de la position géographique n’est pas fortuit puisque l’objectif était de se prémunir des attaques des contingents turcs. Il occupe une position médiane par rapport au Rocher du corbeau,du mont Kouriet et le village d’Azoulen. Protégé naturellement par un escarpement rocheux du coté nord et nord-ouest et tentaculaire des autres cotés, ce canton naturel est une véritable forteresse. Les archéologues pensent que c’est la morphologie du terrain -même qui a déterminé la forme irrégulière de ce village qui a obligé les maisons à conjuguer l’économie de l’espace et les nécessités fonctionnelles. Situé à trois kilomètres du chef lieu de la commune d’Agueni Gueghrane, les 836 âmes qui y vivent, ont une histoire à léguer à la postérité. En 1757, leurs aïeux, qui habitaient en bas de la vallée, se sont emparés de Bordj Boghni, caïdate des Turcs et tuèrent le caïd. Cet événement est interprété par le Bey Titteri comme une offense à son autorité et ne tarda pas a envoyé des troupes, les janissaires, pour mater la rébellion. Les représailles des turcs ont obligé les Ath El Kaid à se replier et chercher un refuge, au sommet d’une colline.Les toitures des maisons sont restées intactes et les villageois utilisent toujours la vieille recette : la terre battue, contrairement aux autres villages kabyles, où la toiture est construite en tuiles.L’ancienne formule permis d’obtenir, selon un expert une double isolation iso- thermique. Ce village est composé de 65 maisons dont dix toujours habité et le reste est abandonné pour l’élevage du cheptel. La direction de la culture compte le classer patrimoine national pour qu’elle bénéficie d’un programme de réaménagement. Un souhait que partage la population qui a tant besoin d’une aide. En sus de ce vestige, encore témoin d’une ère importante de l’histoire de l’Algérie, Ath El Kaid dispose d’un patrimoine immatériel à travers les légendes. La grotte de l’ogresse est une caverne qui renferme des histoires extraordinaires inspirées de la sagesse populaire. Elle a servi également d’abri pour les Moudjahidines pendant la guerre de libération. Les colonels Amirouche, Ouamrane et Oulahdj étaient des hôtes de ce village traditionnel et historique. La nature l’a même gratifié d’une beauté incomparable qui enchantera tout visiteur.

M. Ait Frawsen

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