De notre envoyé spécial à Oran Aomar Mohellebi
La troisième édition du Salon du livre amazigh a démarré hier au Palais de la culture d’Oran. La rencontre a été inaugurée par Mme Benjabellah, ministre déléguée à la recherche scientifique et du wali d’Oran, d’un représentant du ministère de la culture et du directeur de la bibliothèque nationale d’Algérie. Une médaille a été remise pa la ministre à Abdellah Hamane, qui a transcrit plusieurs contes berbères dont certains ont été édités à compte d’auteur. Le représentant du ministère de la Culture a réitéré l’engagement de son département à apporter son soutien au travail éditorial dans la culture et langue amazighe rappelant que tamazight est langue nationale. M.Youcef Merahi, secrétaire général du HCA a brillé par son absence, alors que dans le programme officiel, remis aux journalistes quelques minutes auparavant, c’est à lui que devait échoir la lecture du discours inaugural de cette rencontre. Des indiscrétions laissent entendre que cette absence serait liée aux problèmes internes graves dans lesquels se débat cette institution depuis le décès de son haut-commissaire, il y a un peu plus d’une année. Celui-ci n’a pas été remplacé et c’est Youcef Merahi (ancien directeur de la réglementation et de l’administration générale de la wilaya de Tizi Ouzou au temps du parti unique), qui n’est, du point de vue réglementaire, chargé que de l’administration (étant secrétaire général), qui assure l’intérim. Hormis le nouveau roman d’Amar Mezdad et celui de Tahar Ould Amar, ce salon est pratiquement la réédition du précédent qui s’était tenu à Bouira. Des dizaines d’opuscules en tamazight, dont certains ne dépassent pas vingt pages, étaient exposés “dans” les stands. Et plus de 90 % des livres proposés sont écrits en français ou en arabe. Des livres édités par le HCA en collaboration avec le ministère de la Culture, censés être offert gratuitement étaient proposés à la vente sans savoir la destination des recettes. Des auteurs, pourtant annoncés dans le programme, étaient absents, à l’image de Amar Mezdad, Brahim Tazaghart, Tahar Ould Amar et d’autres à l’image de Djamel Benaouf qui réside pourtant à Oran. Ce salon du livre a pris des allures folkloriques, en témoigne la présence d’une troupe de troubadours qui a dérouté plus d’un. A peine l’inauguration effectuée, les stands se sont vite vidés, hormis le passage de quelques curieux. L’échec de cette troisième édition à l’instar des deux précédentes tenues à Bouira, est l’occasion de relancer sérieusement le débat sur le livre et la lecture dans notre pays et à plus forte raison celui de l’état du livre amazigh. Le HCA a cru bon de lancer un salon du livre avant l’existence d’une production livresque digne de ce nom, plaçant ainsi la charrue avant les boeufs. Quand on sait le nombre de romans qui sommeillent dans les tiroirs d’auteurs sérieux… le HCA aurait gagné à dépenser les sommes d’argent faramineuses mis dans l’organisation de cette rencontre, dans l’édition. car si un salon du livre dure quatre jours, un bon livre, un vrai livre dure éternellement. Côté commercial, des librairies de Tizi Ouzou, comme Cheikh et Génération du livre, les éditions Odyssée, Azur, le savoir, APIC et autre maisons ont été au rendez-vous pour écouler leurs marchandises en parallèle avec le Salon du livre d’El Bayed. Les présents ont regretté l’absence de Amar Mezdad dont le nom figure sur le prospectus mais aussi d’un écrivain de valeur, Salem Zénia, lauréat du premier prix, meilleur roman Apulée, décerné par la Bibliothèque nationale. Des activités parallèles à l’exposition-vente de livres sont prévues, notamment des conférences et une pièce théâtrale en kabyle qui sera animée par la troupe locale. Rappelons que l’association culturelle Numidia a été d’un grand apport dans l’organisation de ce salon du livre. Ses jeunes militants ont travaillé pendant une quinzaine de jours pour sensibiliser la population locale au sujet de cette manifestation. Le salon se poursuivra jusqu’à vendredi prochain.
A.M.