“Nous poursuivrons notre mission jusqu’au bout”

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La Dépêche de Kabylie : Quelle a été votre réaction en tant que premier responsable de la wilaya, juste après le violent séisme survenu dans la nuit du 21 mai 2003 ?ll Ali Bedrici : Immédiatement après le séisme, j’ai commencé à m’informer sur l’ampleur et l’étendue des pertes et dégâts.Les communications téléphoniques étant coupées, les radios des services de sécurité et de la Protection civile me furent d’un grand apport pour me faire une idée sur l’ampleur de la catastrophe dans les cinq (5) minutes qui suivirent.Parallèlement, j’ai pu informer le ministère de l’Intérieur, grâce au téléphone satellitaire. Juste après, le plan ORSEC de la wilaya était déclenché. Notre souci était de secourir le maximum de personnes et de soigner les blessés. Aussi fallait-il organiser les premiers secours en mobilisant tous les moyens disponibles aux côtés de ceux de l’ANP, des services de sécurité et de la Protection civile déjà en action sur le terrain.Parallèlement, il fallait mesurer rigoureusement l’ampleur des dégâts pour bien informer les autorités supérieures du pays.Pour résumer, mon attitude était ce jour-là celle d’un responsable face à une situation de crise majeure créée par une catastrophe naturelle de grande ampleur. Lorsque j’ai vu arriver le ministre de l’Intérieur une heure après et le président de la République quelques moments plus tard, j’ai immédiatement compris que les choses allaient être prises en charge avec beaucoup d’efficacité et ce fut effectivement le cas.Votre attitude, trois ans plus tard, à l’égard des multiples problèmes occasionnés par la catastrophe naturelle ?

ll Quand je revois la situation catastrophique du 21 mai 2003, je pense que notre pays a fait son devoir en direction des zones sinistrées. Les Algériens ont fait des comparaisons avec ce qui s’est fait dans certains pays frappés par des catastrophes naturelles similaires à celle de Boumerdès. C’est sans commune mesure avec la prise en charge des victimes du 21 mai 2003, pour laquelle le gouvernement algérien a consacré un programme spécial.A titre de rappel, sur 85 243 logements endommagés par le séisme 86 510 ont été (jusque-là) réhabilités. Soit une proportion de 90%. Il y a aussi la réalisation de 100 sites de chalets. Et surtout l’importance du programme de relogement 8 482 logements sont destinés aux familles sinistrées.Aujourd’hui, l’attitude consiste à garder la même détermination dans le travail pour parachever ce qui reste à faire.La reconstruction immobilière est qualifiée de chantier herculéen, en pareille circonstance. Quelles sont les principales entraves rencontrées durant ces trois années de gestion post-séisme ?ll Prendre en charge 84 377 logements endommagés est effectivement une tâche colossale. Viabiliser 900 ha pour l’installation de 15 000 chalets et la réalisation de plus de 8 000 logements est également une tâche ardue. S’y ajoute la réhabilitation et la reconstruction de 890 édifices publics endommagés.L’enveloppe financière spéciale allouée par l’Etat à la gestion post-séisme et dont le montant s’élève à 75 milliards de DA, équivaut au financement du programme de développement d’une wilaya moyenne pendant 10 ans.La principale entrave résidait dans la mobilisation des moyens de réalisation du programme, près de 1 500 entreprises et bureaux d’étude publics et privés ont été sollicités pour venir travailler à Boumerdès. Les performances sur le terrain varient d’une entreprise à une autre. Un bon nombre d’entre-elles ont honoré leurs missions. Certaines ont été défaillantes et il fallait à chaque fois les remplacer. Mais de façon générale, c’est grâce aux efforts fournis par ces entreprises que les rentrées scolaires et universitaires ont été assurées et que les chalets, les logements et autres infrastructures de construction sont en voie de finalisation.La leçon à tirer est celle d’améliorer notre outil ou technique de réalisation face aux grands chantiers de développement ouverts à travers le pays.Quel a été l’apport de l’aide internationale en matière de prise en charge des sinistrés ?ll L’aide internationale a touché les domaines suivants : les secours et sauvetages, les aides diverses, la réalisation d’infrastructures. Au niveau des secours, il a été enregistré la présence de 1 553 sauveteurs, et 113 médecins de différentes nationalités ainsi que l’utilisation de 183 chiens de recherche.Quant aux aides diverses, elles ont émané de 63 pays. Certains pays et ONG ont réalisé quelques infrastructures à caractère éducatif (écoles) ou social (centres polyvalents). Tout en appréciant à leur juste valeur ces aides internationales, il faut rappeler que le gros des moyens humains et matériels a été mobilisé par le gouvernement algérien : ANP et services de sécurité, Protection civile, médecins et psychologues, agents de l’administration, élus ONG ont été déployés par dizaines de milliers sur le terrain.Les tâches qui restent à accomplir ?ll Parachever l’opération de réhabilitation et de confortement des bâtisses individuelles. Nous en sommes à 95% et en juin prochain ce sera 98%. l’objectif est d’atteindre 100% fin août 2006.Conduire à terme la réalisation des 84 82 logements en dur, dont 4 500 seront achevés en juin et 7 000 fin décembre 2006. Prendre en charge tous les sinistrés dont les bâtisses endommagées sont classées rouge 5, selon le programme suivant :— A ce jour 6 131 soit 56%— Fin juin 2006 8 412 soit 77%— Fin décembre 2006 : 10 866 soit 100%Dans une wilaya où le séisme a endommagé 86% du parc de logement réparti sur 32 communes, je pense que les résultats obtenus sont corrects et les délais fixés pour parachever la gestion post-séisme sont raisonnables.Votre dernier mot ?L’essentiel a été fait grâce à une mobilisation exceptionnelle des moyens humains, financiers et matériels décidée par monsieur le président de la République et qui ont été mis en œuvre de façon efficace par le gouvernement. Nous poursuivons notre mission jusqu’au bout.En matière d’assainissement des listes de bénéficiaires des différentes aides, nous avons pris l’engagement que chacun n’aura que son droit.Nous avons pensé à réaliser la “mémoire” du séisme sous forme de rapport global, de CD et de documents divers qui resteront à la disposition des gestionnaires, des chercheurs, des médias et des générations futures.

Propos recueillis par Salim Haddou

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