»J’ai été élu à 53% »

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La Dépêche de Kabylie : A la tête de l’exécutif de Darguina depuis 3 mandats entrecoupés par la période des DEC, quel bilan faites-vous de votre gestion ? M. Bektache : Avant 1990, ironiquement les estivants sétifiens qui passaient par Darguina pour aller à la plage disaient “zoudj k’hawi wa virage ahsabtouh village” et ce n’est pas le cas maintenant. Effectivement, entre 1980 et 1990, l’APC avait enregistré un retard considérable dû essentiellement à l’annulation de près de 14 projets structurants non réalisés par les élus de l’époque, entre autres, la réalisation d’un lycée, d’un siège d’APC, d’un centre culturel… Il fallait commencer donc par des priorités telles que l’enseignement et le désenclavement, car il ne faut pas oublier que notre commune qui a une superficie de 85 km2 est un relief très accidenté, dont près de 100 km de pistes à la limite du carrossable. Actuellement, la plupart des axes routiers ont été goudronnés, et nous avons ouvert un lycée, un CEM en plus de celui existant et 5 nouvelles écoles primaires. Tous ces établissements sont pourvus de cantines scolaires. Le problème de l’éducation est réglé pour très longtemps à Darguina. Nous avons réalisé un nouveau siège d’APC digne d’une commune de 14 000 habitants, un centre culturel baptisé, contre vents et marées, Matoub Lounès, un central téléphonique de 1 024 lignes avec 2 relais Djezzy et Mobilis et un chantier du WWL, un projet de construction d’une poste gracieusement accordé par le ministre lors de son passage dans notre localité, etc…Ce n’est pas facile de réaliser à Darguina, qui a un budget déséquilibré sans aucune ressource, car même la centrale hydroélectrique n’est d’aucun apport du fait que leur comptabilité est centralisée à Alger, donc c’est la capitale qui bénéficie des taxes de Darguina. Malgré cela, beaucoup de choses ont été faites quand-même, sans oublier l’électrification de la commune à 100% et son alimentation en eau, exception faite pour le village de Tadergount pour lequel une opération sectorielle estimée à plus de 10 milliards de cts est en voie de réalisation.

Vous sentez-vous sincèrement concerné par l’appellation d’indu élu ?Nullement. Le taux de participation au niveau de notre commune aux élections était de 53%, à l’instar des scrutins précédents et le ministre de l’Intérieur avait loué ce taux dans ses différents points de presse et maintenant, M. Ouyahia aussi ingrat qu’il est, veut attenter à l’honneur et à la dignité d’honnêtes citoyens en procédant à l’éviction de leurs élus. D’ailleurs, au niveau de notre commune près de 500 citoyens ont déjà signé une motion de soutien aux élus locaux dans laquelle ils dénoncent ce simulacre de protocole d’accord. Pour ma part, je dirai que si l’Etat est disposé à organiser des élections pour toutes les assemblées dont le taux de participation est inférieur à celui de Darguina, ceci au niveau national, je suivrai. Tout en vous rappelant que je suis solidaire avec l’ensemble de mes collègues.

Dans le cas d’élections anticipées, y participerez-vous ?Sincèrement, je ne peux me prononcer, car j’appartiens à un groupe d’indépendants qui s’est constitué en comité de soutien à la liste des indépendants et qui se réunit périodiquement pour débattre des problèmes et des projets. Pour ce cas de figure, il ne s’est pas encore réuni pour décider.

Ne pensez-vous que l’APC a été amputée de l’une de ses prérogatives primordiales, à savoir l’attribution de logements sociaux ?J’ai eu l’honneur de figurer parmi les 8 maires algériens ayant participé à l’université d’été de Strasbourg (France) dans le cadre de l’Année de l’Algérie en France et je vous assure qu’en côtoyant les élus français, vous saurez qu’en Algérie il n’y a aucune volonté d’asseoir la démocratie ni de décentraliser certaines missions que seuls les élus locaux peuvent mener à bien de par leur connaissance de leurs concitoyens, telle que celle d’attribuer des logements sociaux ou de gérer le foncier. En plus de ces dernières, on parle même de rattacher la gestion du filet social aux daïras. C’est aberrant, voire un mépris à l’égard des élus.

Vos objectifs et la conclusion ?L’une des difficultés majeures de notre commune est le foncier. D’un côté, nous avons Sonelgaz qui refuse de nous rétrocéder des terrains, de l’autre, c’est les forêts avec leur formule magique des 3 i (insaisissable, inaliénable et imprescriptible). Donc, par manque de terrains d’assiette, nous étions obligés à chaque fois de procéder à la démolition d’anciennes structures, telles que l’ancienne CAPCS qui nous a servi, à l’implantation de 100 logements que le wali nous a affectés et d’un complexe sportif de proximité. Il faut rappeler que M. le wali a tout le temps été attentif à la moindre de nos doléances.En plus de cela, nous faisons un appel aux autorités pour nous débloquer les fonds nécessaires pour faire face aux demandes pressantes résultants, des dégâts estimés à quelque 12 milliards de centimes occasionnés par les intempéries de ces derniers mois.Enfin, pour conclure, nous remercions votre journal de nous avoir donné la possibilité de nous exprimer et rappelons à nos concitoyens que leurs 9 élus ont la même volonté de travailler d’arrache-pied pour réunir toutes les conditions favorables à un épanouissement futur de la commune et de ses habitants.

Propos recueillis par A.

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