Une flambée des prix sans précédent

Partager

Parmi les secteurs qui posent le plus de problèmes dans la wilaya de Béjaïa, il en est un, véritable bombe à retardement qui risque, s’il persiste dans son insolubilité, d’engendrer par effet d’entraînement, une crise sans précédent ! Il s’agit de celui de l’habitat. Le crise, en fait, a toujours existé. Mais, elle s’est trouvée accentuée sous la double impulsion de l’exode rural et de l’arrivée massive des nationaux fuyant leurs contrées d’origine sous la poussée sanglante des hordes barbares. Aujourd’hui, demain le sera encore plus, les taux d’occupation des logements, (T.O.L.) avancés par une administration toujours en délicatesse avec les statistiques font état d’un chiffre de 7,6, chiffre discutable et discuté car il tient compte aussi bien des logements fermés, il y en a, que des villas à 20 pièces et des F1. Cette manière empirique de voir les choses ne fait que les rendre suspectes, en tout cas loin de la réalité. Les facteurs objectifs expliquant la faiblesse du parc de logements sont légion, cela va du nombre insuffisant de programmes alloués à la wilaya, à la rareté de la main d’œuvre spécialisée, de l’absence de terrains constructibles, aux retards anecdotiques.Cela se traduit par un nombre élevé de projets qui ne trouvent pas preneurs et qui sont déclarés infructueux. l’infructuosité est bien le mal, la bête noire des promoteurs immobiliers !L’administration, comme de juste, balaie d’un revers de la main ces “faux-fuyants”, arguant notamment du fait que le prix du m2 bâti, ailleurs, est moindre et que les programmes suffisants souffrent de retards inadmissibles. L’épisode AADL est encore là, témoin si besoin est des incohérences d’une politique de logement basée beaucoup plus sur des données virtuelles que sur la réalité du terrain (cas du lotissement Brandy !).Avec l’abandon progressif du logement social locatif, la portion congrue dans le million de logements programmé par le chef de l’Etat, ce n’est pas tant l’accès à la propriété qui est remise en cause, mais plus prosaïquement c’est l’accès à l’habitat tout court qui se trouve menacé. Béjaïa, à ce titre, bénéficie en tout et pour tout pour la période 2005/2009 de 26 247 logements, dont 2000 logements sociaux locatifs, alors que la demande pour ce dernier type d’habitat, 56 000 en 2005, toujours en expansion, est de très loin supérieure à l’offre. A ce titre, d’ailleurs, une demande de réévaluation au niveau du ministère de l’Habitat a été introduite.Principal effet collatéral, induit par la rareté du logement, sa cherté. Le problème a pris une telle proportion qu’il est extrêmement difficile de se loger à Béjaïa. Les agences immobilières de la wilaya éprouvent les pires difficultés à placer le moindre appartement. La saison estivale contribue d’une certaine manière à la flambée des prix, le F2 se négocie dans une fourchette allant de 2 millions de DA à 2,5 millions DA, selon qu’il s’agisse d’un promoteur ou d’une agence immobilière. Tout ça est extrêmement fluctuant, variant d’un quartier à un autre, d’une agence à une autre. Quant aux loyers, il suivent la même logique qui fait qu’un F2 est cédé à 10 000 DA/mois.Cette flambée sans précédent ira, selon un promoteur, en s’accentuant. Et avec l’entrée de plain-peid dans l’économie de marché et l’introduction du système de la vente aux enchères par les promoteurs, la spéculation bat son plein.Cherté, rareté, spéculation, voilà le triptyque qui caractérise l’habitat à Béjaïa. En attendant des jours meilleurs, qui ne viendront sans doute jamais, on se loge comme on peut à Béjaïa. A Bir S’lam, par exemple, 8 familles, faute de mieux, s’abritent sous des tentes de fortune, faites de bric à brac…

M. R.

Partager