«L’hôpital Nedir sera celui de la qualité et de l’équité»

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La Dépêche de Kabylie : Peut-on savoir où en êtes-vous dans votre programme de modernisation de la structure hospitalière du CHU de Tizi Ouzou ?ll Mohamed Mansouri : En réalité, il ne s’agit pas seulement de modernisation mais surtout d’une mise à niveau. C’est-à-dire d’une normalisation des différentes structures de l’établissement et qui ne constitue, en fait, qu’une étape de la réforme hospitalière. Même si la procédure d’accréditation des établissements de santé est une étape à moyen terme, il reste que les impératifs dans lesquels s’inscrit la réforme hospitalière à travers le triptyque : qualité, accessibilité, équité. Les conséquences des transitions épidémiologiques et démographiques nous imposent aujourd’hui d’agir avec célérité dans le perfectionnement de tous les sites qui interviennent dans le circuit emprunté par le malade : diagnostique et thérapeutique, de ce fait, adapter les structures à des normes acceptables de confort, de sécurité et de fonctionnalité, acquisition d’équipements qui répondent aux exigences de la demande et des besoins en soins en rapport avec l’évolution technologique et qui permettent aux praticiens affinement et célérité dans le diagnostic et efficacité dans leur geste thérapeutique. Il est clair aussi qu’en tant qu’établissement de référence en matière de soins de haut niveau et de site de formation et de recherche, les exigences sont, de fait, amplifiées.En tout état de cause, je peux vous affirmer aujourd’hui que 60% des structures de l’établissement ont déjà bénéficié d’une normalisation et d’une modernisation avec, en parallèle, la naissance d’autres activités. L’acquisition de nouveaux équipements a répondu dans une première étape au renouvellement de ces derniers dans tous ces secteurs sensibles : bloc opératoire, réanimation, imagerie etc.…Quels sont donc les points forts et les points faibles de cette réforme ?ll Question pertinente parce que vous me permettez, en quelque sorte, de parler de certaines difficultés rencontrées dues au phénomène de résistance au changement. D’ailleurs, je préfère parler d’atouts et de contraintes. De toute évidence, avant d’entamer toute réforme ou d’une mise en place d’une stratégie de développement, il y’a lieu d’évaluer les points forts et les points faibles et ceci par rapport à l’environnement interne et l’environnement externe.En matière d’atouts, il est constitué d’abord par un élément majeur qu’est la ressource humaine. En effet, le CHU de Tizi-ouzou dispose aujourd’hui d’un personnel médical et paramédical de qualité, en nombre suffisant dans de nombreuses spécialités et des habitudes de soins qui sont satisfaisantes mais aussi d’une infrastructure conséquente dont la plupart des spécialités sont en place.Toutefois, certaines contraintes ont conditionné la mise en œuvre des réformes, il s’agit d’abord de l’infrastructure constitué de deux unités avec environ 1000 lits, une clinique dentaire et une structure abritant les consultations spécialisées. L’ensemble de ces structures date des années clinquante et obéit à une architecture pavillonnaire qui, même si la fonctionnalité existe, elle impose des conditions d’entretien et d’hygiène très lourdes avec une séquestration permanente d’un nombre important d’agents au détriment d’autres missions et l’engagement de lourds investissements pour la normalisation et la modernisation. A titre d’exemple, je peux vous citer que 3 fois plus de moyens sont nécessaires pour la climatisation par rapport aux structures monobloc, ajoutez les installations électriques vétustes ayant nécessité des réfections totales. De même, les capacités d’hospitalisation commencent à être dépassé. Nos structures qui sont de référence pour les quatre wilayas limitrophes restent, aujourd’hui, dépassées par rapport à certaines demandes en soins dans quelques spécialités, notamment, en chirurgie générale, chirurgie orthopédique, chirurgie pédiatrie, réanimation, chirurgie urologique, neurochirurgie, rééducation fonctionnelle et cardiologie. Par ailleurs, des possibilités d’extension existent et s’imposeront dans les prochaines années. Cet état de fait a été aggravé dans les années précédentes par l’absence de vision en rapport avec les transitions démographiques et épidémiologiques qui étaient pourtant prévisibles et auraient permis une mutation et des étapes d’extensions. Le même phénomène a touché toute la stratégie d’acquisition des équipements qui n’a pas obéi à des critères d’évolutivité, d’exigence médicale et de qualité, ce qui a fait qu’on s’est retrouvé avec des déséquilibres majeurs, un parc matériel polymorphe avec parfois des équipements obsolètes. Néanmoins, l’acquisition de nombreux équipements de dernière génération au cours de ces trois dernières années a permis d’y remédier voir même de développer de nombreuses activités et d’en perfectionner d’autres.Concernant l’environnement externe, la contrainte est surtout liée à la situation de l’établissement, notamment l’unité Nedir-Mohamed qui subit tous les aléas de la présence du stade de Tizi Ouzou. Quant aux contraintes liées à certaines résistances aux changements et à certaines habitudes, elles ont tendance à s’effacer devant la volonté affichée par l’ensemble du personnel et de la population en vue d’avoir un établissement de santé de qualité, accessible à tous. On constate néanmoins des insuffisances de prise en charge des malades dans certains services, à quoi sont-elles dues ?ll Il est clair que je ne pourrais vous démentir et vous dire que tout est parfait. Effectivement, des insuffisances existent, pour certaines elles restent l’apanage de toutes les structures de soins à travers le monde. Je vous cite comme exemple les urgences médico-chirurgicales qui, comme vous l’avez constaté, ont constitué notre cheval de bataille. A ce niveau, toutes les réformes dans le monde n’ont pas permis une restructuration parfaite au niveau des urgences. Au CHU de Tizi-Ouzou, en plus des contraintes connues de tous les pavillons d’urgence d’autres éléments interviennent. Il s’agit entre autre de l’ afflux régional de malades et de l’absence de la hiérarchisation de ces urgences au niveau des autres secteurs (fausses urgences).La solution réside dans une restructuration de ces dernières au niveau de la région et de la wilaya pour redonner aux urgences du CHU leurs missions. Pour certains services il s’agit, en fait, d’insuffisance en ressources humaines notamment en imagerie médicale (04 médecins spécialistes) en ophtalmologie (03 médecins spécialistes), en ORL (04 médecins spécialistes) avec des impacts certes négatif. Autant dire que la couverture médicale dans ces spécialités reste effectivement insuffisante. Pouvez-vous nous situer les perspectives du CHU de Tizi Ouzou ?ll Les perspectives du CHU de Tizi Ouzou obéissent aux exigences de la demande et des besoins en soins imposés par les différentes transitions. Ceux-ci s’inscrivent dans le court et moyen terme avec une vision de pouvoir répondre à l’évolution sanitaire de la région à long terme.Ainsi, les exigences relatives à la qualité de la prestation et au confort du malade ont vu leur concrétisation entamée et elles s’achèveront à la fin 2006. Dés lors, 60 % des services ont été refaits et modernisés, 40% des lits ont été changés, 60% des services ont bénéficiés de la climatisation, les cuisines des malades ont été rénovées et ont bénéficiées d’acquisition d’équipements, l’acquisition en quantité importante de linge à été entamée, l’amélioration de la restauration du malade à été également entamée avec plats individualisés, plats simplifiés et diététique. Nous comptons ouvrir dans les prochains jours un service d’oncologie médicale, et de généco- obstétrique avec unité de procréation assistée et aussi le développement de la cardiologie interventionnellle. Par ailleurs, l’établissement a bénéficié d’une enveloppe financière conséquente pour permettre d’ors et déjà, l’acquisition d’un appareil pour imagerie par résonance magnétique (IRM), le renouvellement de tous les équipements des blocs opératoires et de réanimation, l’acquisition d’équipement pour le développement technique de laboratoire de biologie (Immunologie, sérologie et d’anatomie pathologie), l’acquisition d’équipement pour le centre de transfusion sanguine et l’acquisition d’équipement pour les explorations en pédiatrie.Le parachèvement des investigations en cardiologie nous permettra aussi l’acquisition de nouveaux équipements pour étoffer la céliochirurgie déjà existante au niveau de tous les services chirurgicaux, le Laser pour le service d’ophtalmologie, de même une enveloppe financière a été mise à la disposition de l’établissement pour parachever l’opération de modernisation des services restants dont la réception sera faite avant la fin de l’année.Par ailleurs, la réflexion est entamée actuellement autour de la mise en place d’une stratégie de développement du volet médecine ambulatoire, hôpitaux de jour, structure de prise en charge des malades. Tout ceci serait aléatoire s’il n’est pas entouré d’une politique axée sur la communication et l’amélioration de l’accueil qui constituent l’élément fondamental de la réforme avec la participation de tous.

Entretien réalisé parM.A.Temmar

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