Canada, l’autre rêve de la jeunesse

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Il semble que la Maison France n’a plus la cote parmi les candidats à l’immigration, principalement les diplômés d’entre-eux. “Les cadres”, comme on les appelle couramment chez nous, préfèrent maintenant voir du côté du continent américain, où une véritable communauté est en train de se constituer, si ce n’est déjà fait. Ses composants ne sont que les milliers d’universitaires qui ont préféré reprendre du néant pour tenter l’impossible dans leurs pays, une vie prospère et stabilité sociale, ce changement d’orientation pour nos jeunes par rapport à un passé récent trouve son origine dans les nouvelles, pas toujours bonnes, qui viennent de l’autre côté de la rive méditerranéenne, relative au climat général qui règne ces dernières semaines à l’Hexagone, c’est apparemment la confusion née des dernières turbulences qui ont touchés la scène politique française mais surtout le centrage de la pré-campagne électorale sur le sujet de l’immigration, ce qui va représenter certainement un enjeu majeur de la campagne électorale des présidentielles de 2007, qui a eu raison de l’engouement des jeunes à tenter le départ vers le pays de Molière. “Nous sommes à l’affût de la plus banale information qui touche à ce sujet, c’est notre source d’espoir, chaque jour que Dieu fait apporte avec lui son lot de nouveautés et autre rumeurs. Il y a de tout : du fondé et du moins fondé, la rumeur est plus que jamais au centre du système d’information. Nous sommes de ce coup, victimes de la rumeur entretenue”, indique Amar, un jeune rencontré au foyer de la Maison de jeunes des Ouadhias, Hocine qui a bien voulu se joindre à la discussion, est lui licencié de l’université de Tizi Ouzou et travaille dans le cadre du pré-emploi. Il nous dira de prime abord : “C’est la précarité qui nous pousse, nous les jeunes, à chercher ailleurs”. Ailleurs est pour lui l’autre bout du monde. “Le départ est vécu comme une déchirure car c’est toujours avec un pincement au cœur que nous partons. Ceci dit, lorsque c’est l’unique voie du salut, cela s’appellera le quitte ou double. Voyez combien d’intellectuels ont quitté ce pays ces dernières années, qu’a-t-on fait pour les retenir et faire revenir le reste, la crème de notre société est exploitée sous d’autres cieux. C’est dommage”, ajoute Hocine d’un air déçu. Il faut dire que ces dernières années, les jeunes cadres de la localité des Ouadhias préfèrent plutôt rêver de prendre le vol vers d’autres destinations que celles traditionnellement sollicitées, à savoir la France. Il est clair que cette fois-ci que “les cerveaux” de la région sont frustrés par les lenteurs des démarches d’obtention du visa Schengen. Toutefois, c’est surtout les rejets injustifiés et autre dossiers non traités qui soulèvent le courroux de nos interlocuteurs. “J’ai déposé plusieurs dossiers pour un visa touristique mais qui sont restés sans suite jusqu’à ce jour”, nous dira en substance Amar. A cet effet, l’on ressort des archives des temps modernes l’option du Continent de l’oncle Sam ? La destination en vogue, le Canada. En effet, des milliers de cadres, enseignants et autres fonctionnaires s’attellent à préparer leurs dossiers. “C’est là un choix très difficile à prendre en raison de l’éloignement de cette région du monde du Nord Africain, mais j’avoue que ce sont les facilités qu’offrent les autorités respectives aux étrangers pour une meilleure et rapide intégration qui me motive, je le fais pour mes enfants malgré les coûts exorbitants que cela génère, je suis persuadé que cette option est la plus envisageable au stade dans lequel je me trouve. J’ai fais une croix sur l’Europe en raison de la montée du racisme contre les étrangers un peu partout en Europe, j’ai l’impression qu’elle se referme davantage sur elle-même”, déclare Salem enseignant au lycée des Ouadhias. Il faut tout de même signaler que ce sont les dernières mesures prises par le gouvernement canadien, relatives aux différents frais qui motivent les milliers de candidats. A cet effet, on apprend que les frais du visa d’immigration ont été ramenés par le gouvernement canadien à 490 dollars au lieu des 975 dollars payés auparavant. Cependant, les frais de traitement de la demande de l’ordre de 550 dollars ne sont pas concernés par ces modifications. Ainsi, par ces mesures, les autorités canadiennes veulent réaffirmer leur volonté à œuvrer pour une immigration de qualité qui ne serait que bénéfique pour le pays, puisqu’on avance à titre d’exemple, des rentrées d’argent, ramenés par les nouveaux arrivants au pays. Le Québec ne sort pas lui aussi de cette logique. C’est sur son territoire qu’une vraie communauté algérienne, kabyle en particulier, est née. “La majorité était des cadres d’entreprises ou à l’université la période noire qu’a traversé l’Algérie a précipité leurs départs. Aujourd’hui, ils constituent une communauté qui s’entraide et se prend en charge, à l’image des autre régions. Les citoyens originaires des Ouadhias se sont, eux, organisés en comité et association. Ils ne cessent de nous apporter une précieuse aide en la matière”, nous dit Salem. Le Québec, quant à lui, accueillera pour cette année 46 000 nouveaux arrivants et compte augmenter le nombre de 20 000, soit 48 000 pour l’année prochaine. En somme, le cerveau algérien semble définitivement fixé sur l’option du continent américain. L’Europe n’étant plus à leurs yeux une destination sûre, il se lance dans un voyage lointain, à des milliers de kilomètres de distance. Malgré les difficultés d’accès à un emploi à la hauteur de leurs qualifications, les jeunes cerveaux algériens exhibent leur savoir-faire et surtout leur persévérance dans l’action au pays des merveilles le temps de s’oublier, concrétiser son rêve, plutôt celui de son enfant, le choix “Canada” fait d’eux des déracinés jusqu’à leur retour au pays qui les a vu grandir. Les immigrés du Canada s’oublient, s’effacent, se sacrifient pour leurs enfants. Le salut de l’Algérie viendra peut-être d’eux… Qui sait ?

A. Z.

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